Chroniques écarlates (20)

Le Porteur

[Terres fantômes, au même moment]

Lioness, songeuse, regardait avec appréhension la haute muraille de la cité trolle de Zul’Aman.
Jamais elle n’aurait cru revoir un jour ces murs maudits.

Décidément, pensait-elle, bien des choses étaient arrivées depuis quelques heures.
L’inexplicable retrait des troupes mortes-vivantes la laissait plus que dubitative. Même l’attaque des Trolls des forêts ne pouvait expliquer un départ aussi rapide, d’autant plus que les premières peaux-vertes qui s’étaient lancées à l’assaut des serviteurs du Fléau, fidèles à leurs traditions de peuple désorganisé et batailleur, n’avaient pas fait un pli face à l’efficacité militaire des troupes du terrible Wodo.
Non… Les raisons du départ apparent des morts-vivants étaient sans doute ailleurs.
Plus vraisemblablement, avait-elle pensé, fallait-il les chercher dans la disparition inexplicable de la base d’Atiesh, le Bâton des Gardiens. Car qui pouvait bien avoir subtilisé l’artefact, au nez et à la barbe du puissant Rommath ?
La paladin craignait que les morts-vivants ne soient partis à sa recherche... Car il était clair que c’était cette chose qui les avait attirés à Lune d’Argent.
Lioness, en réfléchissant, ne voyait qu’une seule explication : l’artefact qui leur avait été confié n’était qu’une illusion, extrêmement puissante puisqu’elle avait même réussi à tromper le Grand Magistère.
Et qui mieux que Knakette Runetotem, celle qui leur avait confié l’objet, avait pu avoir l’occasion de créer cette illusion, avant de partir pour Naxxramass avec les Saigneurs Ecarlates ?
Un frisson d’angoisse lui avait alors parcouru l’échine, lorsqu’elle avait réalisé que son impétueuse fille, Oniri, était elle aussi là-bas.
Son raisonnement se tenait… Et s’il était juste, alors venait de s’enclencher pour les aventuriers (et pour le reste du monde) un nouveau compte à rebours mortel.

Elle espérait sincèrement que les héros parviendraient à vaincre Kel’Thuzad…
Avant que l’armée des morts ne les rattrape.


Gardant malgré la situation la tête froide, la Matriarche avait, avec l’aide de sa sœur Liadrin, réorganisé les défenses de Lune d’Argent.
En dépit du départ supposé des morts-vivants, il était hors de question de laisser la capitale sans protection, ne serait-ce que parce que les raids trolls, enrayés une première fois par le Fléau, pouvaient reprendre à tout instant sur la cité déjà exsangue.
Malheureusement, il était également hors de question de rester passivement sur place, sans rien tenter. Zul’Jin était apparemment de retour… Et sa seule présence pourrait galvaniser à nouveau la sauvagerie des peaux-vertes. Il fallait au moins en avoir le cœur net, même si lancer une offensive frontale contre les Trolls des Forêts était pour l’heure inenvisageable. Non… Mieux valait tout d’abord repérer l’ennemi, pour mieux préparer l’assaut.
Lioness avait donc rapidement monté un détachement d’élite, auquel s’était immédiatement jointe la chasseuse Azena, sous le regard troublé mais silencieux de son père, le Chasseur des Ombres Vol’Jin. Le meneur troll semblait particulièrement inquiet, encore plus même que lors du siège des morts-vivants.
Etait-ce le sort de sa fille qui l’inquiétait ? s’était interrogée Lioness. Pourtant, au vu des regards furieux qu’Azena lançait à son père, tout ne semblait pas rose entre les deux Trolls.
Non… Il y avait autre chose, avait-elle deviné. Un non-dit entre eux deux, comme un doute qui aurait plané à propos de leur légendaire meneur qui avait resurgi après des années d’absence…
Lioness espérait juste qu’on ne leur cachait rien d’important.

Puis, avec discrétion, Lioness avait mené son détachement et Azena vers l’Est, en direction de la mythique Zul’Aman, la cité séculaire des Trolls des forêts, laissant la défense de la ville à Liadrin et à Vol’Jin.

Tant qu’ils avaient cheminé dans les plaines des Chants Eternels, rien de notable n’était arrivé aux elfes, malgré la méfiance de Lioness qui s’attendait à tout moment à voir déferler sur eux des morts-vivants revenus sur leurs pas (bien que ses sens exercés ne lui aient pas signalé la présence du moindre esclave du Fléau à des lieues à la ronde).
En revanche, dès que l’ombre des premiers arbres s’était projetée sur le petit groupe, tous avaient senti peser sur eux comme une menace latente. Comme si…
Comme s’ils étaient épiés, en tant qu’intrus, par la forêt elle-même. Cette forêt qui abritait depuis des siècles de si terribles habitants. A leur manière, les Trolls des forêts, les Amani, avaient réussi une union quasi parfaite avec les bois qui abritaient les rares survivants de leur peuple. Différente, songeait Lioness, mais pourtant pas moins efficace que celle qui régnait chez les lointains ancêtres ennemis des Elfes de Sang : les Elfes de la Nuit.

La progression de l’expédition s’était ralentie, mais aucune alerte ne se fit entendre tandis qu’elle avançait encore plus à l’est, au travers de l’ancien empire troll, en direction de sa capitale, nichée au cœur de la forêt : la cité de Zul’Aman…
Lioness, au fur et à mesure de leur avancée, reconnaissait ça et là certains des paysages devant lesquels elle avait combattu, bien des années auparavant.
Elle était l’une des dernières de son peuple, et en tout cas la seule du petit groupe, à avoir combattu autrefois les Trolls des forêts lors de la Deuxième Guerre.

Elle tourna la tête vers la seule trollesse qui les accompagnait. Azena avançait seule, légèrement isolée au sein du groupe d’elfes, silencieuse, mais ses yeux vifs reflétaient toute la vigilance de la chasseuse. Son arc orné de plumes rituelles, suspendu dans son dos, battait son flanc au rythme de la marche. A quelques pas derrière elle, Yotsuba, son loup blanc, la suivait sans le moindre bruit. La bête était étonnamment bien dressée, songea la Matriarche. A croire qu’elle ne faisait qu’un avec sa maîtresse, la fille de Vol’Jin.

Et soudain, Lioness reconnut, un peu devant eux, le sentier escarpé qui menait aux portes de Zul’Aman.

Aux portes du Royaume des Trolls des Forêts.

La compagnie s’était avancée avec courage, pour finalement arriver devant les murailles de Zul’Aman.
Un peu plus en contrebas, à l’extérieur de la cité, ils avaient pu voir de nombreuses cahutes trolles de fortune, mais celles-ci semblaient inhabitées et abandonnées depuis des années…
Pourtant, la porte massive qui interdisait l’entrée de la capitale trolle, elle, était bel et bien fermée, et son aspect robuste et entretenu tranchait de manière flagrante avec l’apparent abandon des environs.
Avec horreur, Lioness réalisait que les Elfes de Sang, en dépit de tout ce qui leur était arrivé depuis plusieurs mois, avaient commis une erreur considérable en ne surveillant pas la forêt plus sérieusement. Les rapports des Pérégrins avaient certes parlé d’un net regain d’activité aux niveau de la poignée de tribus trolles survivantes des bords du lac d’Elrendar, mais la paladin était loin d’imaginer que, plus loin dans les bois, c’était tout le royaume des Trolls des Forêts qui était en train de se reconstituer…
En cet instant, elle regrettait amèrement de ne pas avoir prêté plus d’attention aux informations ramenées par les Pérégrins, lors des séances du Conseil.
Et pour cause : dans l’organisation compliquée du Gouvernement de Quel’Thalas, les Pérégrins incarnaient une force politique opposée à celle de la faction qui était devenue, après la Troisième Guerre, celle des Chevaliers de Sang, que commandaient Lioness et Liadrin. L’ironie du sort avait voulu que la meneuse des Pérégrins, à l’époque, soit la meilleure amie de Lioness : Sylvanas Windrunner. Déjà en ce temps-là, malgré leur indéfectible amitié, les deux femmes s’opposaient déjà sur de nombreux aspects politiques… Les chamailleries entre les deux castes n’avaient malheureusement pas cessé avec l’avancée du Fléau sur les territoires elfes, et même si Lioness et Sylvanas étaient l’une comme l’autre convaincues du danger mortel que représentaient les morts-vivants pour leur peuple, toutes deux avaient eu bien du mal à persuader leurs troupes respectives de coopérer.
Avec la mort de Sylvanas, et malgré les louables efforts de Halduron Brightwing, son successeur, les Pérégrins avaient peu à peu perdu de leur influence au sein du Gouvernement elfique, à tel point qu’on avait fini (notamment sous l’impulsion des familles nobles de Lune d’Argent) par leur confier uniquement les missions de surveillance des abords du Royaume, sans d’ailleurs tellement prêter d’attention à leurs rapports.
Lioness comme les autres n’avait suivi qu’avec peu d’intérêt les nouvelles d’une quelconque agitation chez les trolls, occupée qu’elle était à tenter de remettre sur pieds leur civilisation après le traumatisme de la perte du Puits de Soleil…
Comble de malheur, ces inquiétantes nouvelles avaient commencé à se propager au moment où la Matriarche avait découvert que son amie de toujours était devenue la glaciale Reine des Réprouvés, ce qui avait troublé Lioness au plus haut point.

Et aujourd’hui, les Elfes de Sang payaient leur manque d’attention au prix fort.

Un macabre avertissement attendait tous ceux qui voulaient pénétrer dans le royaume des Trolls, découvrirent les elfes en approchant de la massive porte de la cité fortifiée.

Un gigantesque totem vaudou trônait au milieu du chemin, orné des peintures de guerres des Trolls des Forêts.
A sa base, une grande quantité d’ossements ensanglantés jonchait le sol, restes des victimes infortunées qui s’étaient trop approchées de Zul’Aman.
En avançant, Lioness et ses compagnons découvrirent avec horreur le sinistre spectacle. Azena, en particulier, se pencha sur le corps d’un homme qui avait visiblement été écorché vif, vêtu d’une tenue de cuir marron. Lioness eut subitement une étrange sensation de déjà-vu. A côté de lui, un chapeau usagé gisait à terre. L’homme tenait encore dans sa main crispée un fouet de cuir, sans doute la seule arme que le malheureux avait cru bon d’emporter avec lui.
Après un moment de silence, elle se releva et dit doucement :
« L’humain Harrison.
- Qui ? » demanda Lioness. Ce nom lui évoquait quelque chose. Se pouvait-il…
Azena tourna la tête vers la Matriarche.
« Se pourrait-il… Harrison Jones ??? » demanda l’elfe.
La chasseuse, surprise que Lioness connaisse le nom complet de l’homme, acquiesça.
« Tu le connais ? demanda-t-elle.
- Il est passé à Lune d’Argent, seul, il y a quelques jours… Il faisait des recherches, apparemment. Il est venu en paix pour nous demander des provisions, répondit lentement la paladin. Puis il est parti… vers l’est. Et toi, comment connais-tu cet homme ?
- L’humain Harrison… Je l’ai croisé dans une autre cité trolle, bien loin d’ici, répondit Azena, les yeux plissés. Il faisait déjà des recherches sur notre peuple. Il croyait que… »
La trollesse s’interrompit subitement.
« Que quoi ? » insista Lioness.
Azena lança un long regard à Lioness, puis le reporta sur les restes de l’homme.

« Hélas, soupira-t-elle. Il a fini par trouver ce qu’il cherchait. »

Le guerrier regardait d’un œil torve le petit groupe en contrebas.
Du haut de la muraille de la cité, il montait la garde. Le Chef leur avait dit que les oreilles pointues ne seraient pas longues à revenir sur leurs terres. Sur la terre des Trolls.
Encore une fois.

Et le Chef avait raison.
Encore une fois.

Ces imbéciles ne l’avaient toujours pas vu. Ils approchaient comme si ces terres étaient à eux, comme si les Trolls n’avaient pas été là, bien des siècles avant eux !!!
Il sentait la rage bouillonner en lui.

L’heure de la vengeance avait enfin sonné.

« Tout doux, Nalorakk. » résonna doucement une voix feutrée derrière lui.
Il se retourna, oubliant un instant la présence odieuse des envahisseurs en contrebas.

Le Chef se tenait devant lui.

« Chef ! s’exclama le guerrier. Ils sont là !!!
- Je sais. » répondit calmement son interlocuteur.
Il s’avança au bord des remparts, contemplant un moment en silence les elfes qui ne s’étaient toujours pas aperçu qu’ils étaient épiés.

« Le rituel, il est terminé ??? » demanda hâtivement Nalorakk.
Sans se retourner, le Chef désigna de son bras unique les bâtiments à l’arrière de la cité.
« Ouaip, répondit-il en continuant à fixer les elfes. Tu peux y aller. »

Le guerrier s’inclina rapidement, avant de se diriger, à la fois anxieux et excité, vers la Chambre des Rites.
« Nalorakk ? » résonna derrière lui la voix du Chef.
Il se retourna.
« Oui, Chef ? » demanda-t-il, intrigué.
Le troll manchot le toisait de son œil unique, dans laquelle brillait une lueur intense mais indéfinissable.
« T’es mon meilleur guerrier, et c’est pour ça que j’t’ai donné comme nom de guerre c’ui du Seigneur des Ours. L’oublie pas.
- Aie pas d’inquiétude, Chef, répondit le guerrier en s’inclinant. J’te prouverai qu’j’ai en moi la force de l’Ours !!! »

Zul’Jin acquiesça silencieusement.
Tandis qu’il regardait Nalorakk se diriger en courant vers les totems du Rituel, un sourire cruel s’étira sous la cape qui masquait le bas de son visage.
Il se retourna et posa à nouveau son œil valide sur le petit groupe en contrebas.
Ouaip, songea-t-il.

Entrez donc, les amis.
Par ici, on a une belle surprise pour vous.

Prise d’un pressentiment soudain, Lioness releva la tête.

Ils n’étaient pas seuls.
Fouillant les environs de ses yeux verts, la paladin ne fut pas longue à repérer celui qui les épiait du haut des remparts.
Un frisson lui parcourut l’échine lorsqu’elle croisa le regard borgne de leur adversaire. Elle se figea.

Alertés d’instinct, les autres elfes et Azena levèrent à leur tour la tête.

« Zul’Jin… » murmura la Matriarche.

Le légendaire meneur des Trolls avait refait son apparition.
Après toutes ces années…
Lioness sentait que la haine du Chef des Trolls des Forêts pour le peuple des elfes n’avait pas faibli.

« Ici, c’est not’terre. » tonna Zul’Jin dans le silence des remparts de Zul’Aman. Distraitement, Lioness remarqua à cet instant qu’aucun bruit ne se faisait entendre, malgré la forêt qui les entourait.
Seul régnait ici un silence de mort.
« La terre des Trolls !!! reprit Zul’Jin d’une voix menaçante. Nous, les Amani, on était là avant tous les autres !!! Avant vous, les oreilles pointues !!! Et les elfes et les humains, ils sont venus nous chasser… »

Avec un nouveau frisson, Lioness se rappela les terribles combats auxquels elle avait participé à l’époque, en ces temps reculés où Lune d’Argent faisait encore partie de l’Alliance des Hommes.

« Mais… continua le Chef Troll, on a jamais abandonné.
Jamais oublié. »

Il pointa l’index de sa main unique vers Lioness, la fixant de son œil dans lequel brûlaient une haine et une fureur comme jamais la paladin n’en avait rencontrées.

« J’ai jamais oublié qu’toi, t’as pris mon œil !!! cracha-t-il à l’attention de la Matriarche. J’ai jamais oublié que j’ai coupé mon propre bras pour vous échapper !!! »

Tous les regards étaient maintenant posés sur Lioness, qui ne baissa pas les yeux. Elle semblait pâle mais déterminée. Elle aussi sentait bouillir dans ses veines la fureur qui l’avait animée lors du combat au bout duquel elle avait fini par vaincre Zul’Jin pour le livrer aux mains des elfes. Oui, Lioness avait crevé l’œil de Zul’Jin pendant leur duel…
Et aujourd’hui, son ennemi mortel était de retour pour se venger.

« J’croyais qu’la Horde avait d’l’honneur, reprit Zul’Jin avec dépit, pointant cette fois un doigt accusateur vers Azena, la seule intruse au milieu du groupe d’elfes. Mais maintenant que j’vois cette traîtresse parmi vous, c’est clair qu’les Elfes sont avec la Horde !!! Alors la Horde, je lui crache dessus !!! » cria-t-il, joignant le geste à la parole avec un reniflement de dégoût.

Un silence de mort régna quelques instants, avant que Lioness ne le brise.

« A ton aise, répliqua-t-elle en haussant les épaules avec une fausse indifférence. Tu renies tes anciennes alliances, après avoir disparu comme un lâche pendant toutes ces années… Finalement, je suis heureuse que tu refuses de t’allier à la Horde, contrairement à nous. Nous n’avons pas besoin de toi. Vol’Jin est bien plus sage et avisé que tu ne l’as jamais été. Il n’est pas un imbécile qui ne pense qu’à se battre.

Nous t’avons déjà vaincu, Zul’Jin.
Et nous allons recommencer. »

Soudain, malgré la rage dans laquelle l’avait plongé la réponse de la Matriarche, le meneur Amani sembla se calmer. Un air rusé se dessina sur son visage pourtant éternellement à moitié masqué par sa cape violette.

« Vol’Jin… murmura-t-il d’une voix douce. Tu parles du fils du vieux Sen’Jin, oreilles pointues ??? Le vieux Sen’Jin, il a essayé de s’opposer à la puissance des Amani. Mais…
Les Amani abandonnent jamais.
On n’oubliejamais.

On meurt jamais.

Ici, c’est not’terre… Et personne nous la prendra, ni l’Alliance, ni la Horde ! Personne !!!

Vous voulez essayer ??? Alors entrez !!! »

Sur ce véritable cri de défi, les portes de Zul’Aman s’ouvrirent lentement, en grinçant de manière sinistre.
Zul’Jin leur tourna le dos, et disparut à leur vue.

« Vous voulez rester ici ??? résonna encore une fois sa voix. Alors ce s’ra pour toujours…

C’est ici qu’on va vous enterrer !!! »

Restés apparemment seuls devant les portes maintenant grades ouvertes de la cité de Zul’Aman, les elfes se regardaient, hésitants.
« C’est un piège, dit clairement Evamoyshion. Et des plus grossiers. »
La jeune paladin avait été la première volontaire à rejoindre le groupe de Lioness dès que celle-ci avait annoncé son intention de mener une expédition en territoire troll. Elle avait juré de protéger la Matriarche au péril de sa vie, et s’y employait de son mieux depuis la mystérieuse disparition de Misswar, le premier lieutenant. Même si elle ne l’aurait jamais admis à voix haute, elle était persuadée que celui-ci avait dû tomber sous les coups du Fléau, loin de Lune d’Argent, et qu’ils ne retrouveraient jamais le corps du valeureux magicien.
Un murmure approbateur courut parmi le groupe.
« Nous ne sommes pas assez nombreux, reprit-elle, insistante. S’aventurer à Zul’Aman pour l’instant serait un pur suicide. La guerre est inévitable… Mais nous ne sommes pas prêts. »
Lioness ne répondit pas tout de suite. Elle n’avait écouté que d’une oreille distraite les véhémentes recommandations de son lieutenant.
Evamoyshion ne pouvait pas comprendre ce que ressentait Lioness. Malgré sa bravoure, elle était trop jeune. Elle n’avait pas connu la Deuxième Guerre.
Par-delà la fureur de revoir son ancien ennemi, et l’horreur du souvenir des atrocités perpétrées par les deux camps lors de leur premier affrontement…
Lioness éprouvait une immense inquiétude.

Car ce qu’elle avait lu dans le regard de Zul’Jin n’était pas la vieille haine qui brillait autrefois dans l’œil qu’elle avait crevé à son vieil adversaire.
Pas uniquement.

Il y avait autre chose. Quelque chose d’indéfinissable…
Mais de profondément maléfique.

Comme un requin qui aurait nagé loin dans les abysses de cet œil furieux, présence invisible et menaçante prête à ressurgir pour mieux happer sa proie.

« Matriarche ? » demanda Evamoyshion, surprise de l’absence de réaction de sa Dame.

Lioness posa alors les yeux sur Azena.
La chasseuse continuait à fixer l’endroit où s’était tenu Zul’Jin pour les défier, immobile et silencieuse.
Tout dans l’attitude de la jeune trollesse indiquait qu’elle était totalement concentrée sur le terrible combat qui l’attendait. Ses compagnons elfes semblaient ne plus exister pour elle.
Derrière elle, Yotsuba, son loup blanc, s’était tassé sur lui-même et montrait les crocs. Lui aussi fixait sans ciller l’estrade où Zul’Jin avait fait son apparition. Un sourd grondement s’échappait de sa gorge.
Soudain, la fille de Vol’Jin parla. Plus pour elle-même que pour ses compagnons, d’ailleurs.
Presque un murmure. Lioness crut un instant avoir mal entendu, tant la voix d’Azena était faible… et pleine d’une rage qui, devina la Matriarche dans un éclair de lucidité, masquait mal une insoutenable angoisse.

« Enfin… Je l’ai retrouvé. »

Puis, vive comme l’éclair, sans même jeter un regard à ses compagnons éberlués, Azena se dirigea au pas de course vers les portes de Zul’Aman, Yotsuba sur ses talons.

Lioness, sans réfléchir, voulut la suivre, mais fut arrêtée par la poigne de fer d’Evamoyshion.
« Non, Matriarche !!! » s’écria-t-elle.
Lioness tourna la tête vers son lieutenant si vivement que celle-ci, surprise, la lâcha aussitôt.
« Nous devons y aller. Immédiatement !!! dit Lioness d’un ton sans réplique.
- Avez-vous perdu l’esprit ??? s’écria Evamoyshion, catastrophée. Nous courons droit à la mort !!!
- Nous n’avons pas le temps de chercher d’autres renforts, répondit aussitôt la Matriarche. Il faut à tout prix arrêter Zul’Jin !!!
- Mais… que… commença la jeune paladin, sans comprendre.
- Son regard… continua Lioness d’un air sombre, tandis que la détresse de sa voix faisait tressaillir ses compagnons. Il y a quelque chose dans son regard… Il se passe ici des choses bien plus terribles que nous ne le pensions.
- Comment cela ??? » demanda l’un des combattants.
Lioness releva son regard vert empli d’inquiétude vers les sinistres murailles de la cité trolle.
« De sombres puissances sont à l’œuvre ici, murmura-t-elle. Des forces plus dangereuses encore que celles du Fléau. Et le temps nous manque.
Et si nous ne faisons rien maintenant… Si nous repartons, même pour mieux revenir…

Lorsque nous reviendrons, tout sera fini.

Et le monde tel que nous le connaissons sera condamné. »

[Naxxramass]

Oniri releva la tête.
Un étrange pressentiment venait de lui traverser le cœur. Comme si… Comme si sa mère avait des ennuis.
De gros ennuis.

Elle jeta un coup d’œil à Arràgon.
Le paladin lui rendit son regard troublé. Lui aussi avait senti quelque chose.

Elle avait toujours trouvé étrange, outre cet inexplicable lien sprituel qui la rattachait à sa mère, qu’Arràgon semble ressentir également tout ce qu’elle éprouvait. Même s’il était un peu le père qu’elle n’avait pas connu, la jeune elfe savait qu’Arràgon et elle n’avaient aucun lien de parenté.
Il était le plus vieux compagnon d’armes de Lioness, sa mère… Et cela s’arrêtait là.
Même si Oniri, depuis son enfance, se souvenait toujours d’avoir vu le paladin de sage conseil à leurs côtés, servant et protégeant la Matriarche et sa fille avec une fidélité et une sérénité qui l’avaient rendu presque indispensable.

Malheureusement pour Oniri, l’heure n’était pas à s’intéresser aux pressentiments. Elle espérait se tromper (sans y croire vraiment), mais quelque danger que courût sa mère, elle devrait se débrouiller sans elle.

Depuis presque une demi-heure maintenant, les Saigneurs Ecarlates, emmenés par leur nouvelle recrue involontaire, Misswar, suivaient un gigantesque corridor qui luisait d’une sinistre lueur violette qui paraissait suinter, poisseuse, directement des murs.
Le chemin au sol, pavé de pierres irrégulières, et jonché ça et là d’ossements à moitié rongés, était bordé par deux gigantesques canaux dans lequel circulait, avec un courant violent, le même liquide fumant qui baignait les bassins de la Salle de Réanimation dans laquelle les héros avaient affronté le terrible Thaddius. Cet étrange et répugnant liquide, songea Oniri, devait parcourir ainsi toute la forteresse, pour elle ne savait quelles autres atroces expériences menées par le Maître des lieux…
L’opposition n’était pas en reste, à présent. Depuis que les aventuriers avaient quitté la Salle de Réanimation et libéré Farfadet, le groupe avait croisé de nombreux serviteurs du Fléau en patrouille sur le chemin qu’avait indiqué Misswar. Araignées, spectres, morts-vivants de tout poil, horreurs recousues, et même de terrifiants soldats morts-vivants en armure noire qui maniaient de ténébreuses épées runiques.
Les combats, bien que difficiles et harassants, n’avaient cependant pas arrêté les héros pour autant.
Après tout, songeait Oniri, le chemin (qui, si son sens de l’orientation ne la trompait pas, était à coup sûr le cercle de patrouille qui devait faire le tour complet de la nécropole) était bien plus vaste et moins tortueux que celui qu’ils avaient suivi pour arriver à la Salle de Réanimation… Bien plus pratique pour se battre.
Cela la dérouillerait un peu en attendant la confrontation finale.

Oniri posa à nouveau le regard sur la silhouette de Misswar. Quelle tragédie, songeait-elle. Ainsi, le valeureux magicien, premier lieutenant de sa mère, avait trouvé la mort… Pour devenir cela. Une pâle imitation de vie.
Ivy marchait silencieusement à ses côtés, ses ailes blanches de cygne repliées dans le dos, elle-même encadrée d’un côté par son époux Farfadet, fraîchement tiré des griffes de Solaris, le côté noir d’Ivy… Et de l’autre par le dénommé Kharneos, lui-même reflet noir de Farfadet créé artificiellement.
Dieu, que cette histoire était donc compliquée !!! songea-t-elle. Mais tout se simplifierait lorsqu’elle réussirait à mettre la main sur la fameuse Solaris, pensa-t-elle avec un regard de pitié pour l’infortuné(e) Misswar.
S’il y avait une chose qui simplifiait tout…
C’était la vengeance.

Solaris allait devoir répondre de ses actes… Et l’addition serait salée.

Après un long voyage en direction du sud, les héros se retrouvèrent face à une arche de pierre fermée par une lourde porte de fer.
Alors que Farfadet se tournait vers Misswar pour s’enquérir de la prochaine étape, une voix retentit soudain, de manière totalement inattendue.
Presque une supplique qui provenait de l’autre côté de la porte.

« Héros !!! cria la voix. Cessez cette folie !!! Fuyez tant qu’il en est encore temps !!! »

Les Saigneurs Ecarlates se figèrent, frémissant tant la détresse de l’homme qui venait de parler semblait palpable.
Oniri vit Ivy se tourner immédiatement vers Misswar, qui lui rendit son regard. A ce qu’il semblait, toutes deux connaissaient cette voix. Ou du moins l’avaient reconnue, car en ce qui concernait Ivy, ses souvenirs d’avant sa séparation avec Solaris semblaient avoir été plus ou moins effacés.
Concernant les souvenirs de Misswar, Oniri était bien moins sûre d’elle. La lueur étrange dans les yeux de l’ex-servante de Solaris montrait bien qu’elle n’était pas, au contraire d’Ivy, tellement surprise d’entendre la voix de cet homme.

Mais avant que quiconque ait pu prononcer la moindre parole, une deuxième voix se fit entendre.
Un rire moqueur et hautain, élégant, presque cristallin. Une voix de femme. Un horrible instant, Oniri crut que c’était à nouveau Solaris qui les défiait… Mais ce n’était pas elle.
« Allons, Zeliek, susurra la voix d’un ton de reproche nonchalant. Ne soyez pas si rabat-joie. Vous allez vraiment finir par les faire fuir, et nous n’aurons même pas pu nous amuser !!! »

Une troisième voix d’homme , hargneuse et brutale, bourrue, résonna presque immédiatement.

« Assez causé !!! s’écria-t-elle. Laissez-les v’nir. On va réduire ces crétins en poussière !!!
- Ohhhh, soupira la femme d’un ton ennuyé. Korth’azz… J’espère que vous me laisserez tout de même le temps de… me présenter. »
- Peut-être qu’ils reviendront à la raison, Dame Blaumeux, reprit la première voix, avec un espoir fou. Peut-être qu’ils fuiront d’ici le plus vite possible… Peut-être qu’ils…
- J’ai entendu assez d’âneries pour aujourd’hui !!! coupa l’autre homme. Tu la fermes, Zeliek, ou c’est moi qui vais te la fermer pour de bon !!! »

Après un instant, une quatrième voix résonna.

« Conservez votre colère, dit-elle d’un ton sans réplique, tandis que les trois autres voix se taisaient immédiatement. Jugulez votre rage.

Vous aurez bien assez tôt l’occasion de déchaîner votre pouvoir. »

Soudain, la porte s’ouvrit en grinçant, ouvrant aux Saigneurs Ecarlates un passage vers la pièce ténébreuse où les attendait leur prochaine épreuve.

« Misswar… murmura Ivy, ses yeux bleus inquiets fixant avec intensité l’ex-servante de son autre moitié. Qui… »
Celle qui avait autrefois été son amie Démétria tourna vers elle son regard vert blafard.
« Les Quatre, répondit-elle avec effroi.
Les Champions du Maître…
Je ne pensais pas qu’ils étaient réveillés…» gémit-elle en se tordant les mains.
- Les Quatre ? Qui sont-ils ? » demanda Farfadet d’une voix ferme.

Misswar tourna lui vers un regard étrange, où l’on aurait pu lire aussi bien de l’incertitude que du désespoir.
« Je ne sais pas, répondit-elle. La seule qui les ait déjà rencontrés… C’est ma Maîtresse. » ajouta-t-elle en regardant Ivy.
Celle-ci, troublée, sous le choc, parut se souvenir de quelque chose pendant une seconde… Puis se ravisa en secouant la tête. C’était parti.
Un instant, Farfadet tourna la tête vers Sheogorath, celui qui en savait bien plus qu’eux sur Naxxramass, une interrogation muette dans le regard. Mais celui-ci, d’une moue discrète qui n’échappa cependant ni à Farfadet ni à Fichtres, fit comprendre qu’il ne connaissait pas, lui non plus, l’identité des Quatre.

« Il n’y a qu’une seule façon de le savoir. » dit fermement Oniri en désignant l’arche de pierre.

Après un moment, Farfadet acquiesça et se dirigea vers la porte. Avec un regard appuyé à Misswar, ses compagnons le suivirent, inquiets et curieux à la fois de savoir quel était ce mystérieux quatuor qui venait de les inviter dans leur antre.

Les aventuriers entrèrent dans une vaste salle dont les arcades gigantesques de pierre scintillaient d’une étrange lueur violette.
Ils n’étaient pas seuls.
Quatre individus les attendaient. Les propriétaires des voix qui avaient résonné quelques instants plus tôt.

Les Quatre.

Quatre cavaliers, morts-vivants visiblement, trois hommes et une femme, chevauchant les mêmes montures squelettiques que l’on croisait parfois à Undercity chez les gardes d’élite de la Dame Noire.
Dans leurs yeux brillaient la lueur sauvage qui caractérisait les serviteurs de Kel’Thuzad.

Farfadet les détailla un instant du regard.

Le premier, à droite, attira tout de suite son attention. Il portait une fine armure blanche dont l’apparente délicatesse ne pouvait qu’être trompeuse. Les ailes argentées qui ceignaient son casque ne laissaient aucun doute : l’homme était un paladin. Ou du moins, il en avait été un. Plus effrayant, malgré son indéniable apparence de cadavre réanimé par la magie noire, son regard ne trahissait que douleur et souffrance.
Oniri murmura, troublée : « Comment… Je sens encore la Lumière en lui… ».
Un gémissement échappa au paladin. Reconnaissant la voix du dénommé Zeliek qui les avait quelques instants plus tôt suppliés de fuir tant qu’il en était encore temps, Farfadet comprit d’un coup. Contrairement aux autres, cet homme était parfaitement conscient de sa situation… et se refusait à être l’esclave du Fléau.
Mais…
Il n’avait visiblement pas le choix.

Farfadet fixa ensuite la femme de gauche. Vêtue d’une armure légère ornée de voiles bleus qui masquaient gracieusement son corps et une partie de son visage, son indéniable beauté raviva cruellement en lui le souvenir de sa bien-aimée Ivy, dont la version diaphane et angélique se tenait à ses côtés. L’inconnue les toisait d’un air supérieur, sûre de sa victoire, rose noire glacée dans un désert de mort. Ses doigts fins aux ongles effilés étaient serrés autour d’une épée fine incrustée de pierreries qui luisait d’un éclat trop sombre pour être naturel. Autour d’elle tourbillonnaient de sinistres énergies noires.
Il s’agissait sans aucun doute de la Dame Blaumeux dont ils venaient également d’entendre le nom.

Le troisième cavalier, vêtu d’une lourde armure verte, n’était pas un homme, sans doute plutôt un nain. Maladroitement harnaché sur sa monture, il dégageait malgré sa petite taille une impression de puissance terrifiante. Il semblait soulever l’énorme marteau de guerre qu’il tenait dans sa main droite avec une effrayante facilité, et son armure brûlait d’un feu qui n’avait rien de naturel.
Lorsque le guerrier éclata d’un rire gras et malveillant, Farfadet reconnut la voix désagréable du dénommé Korth’azz.

Mais ces trois adversaires n’étaient rien à côté de leur compagnon, la quatrième voix que les héros avaient entendue sans que ne soit nommé son propriétaire.
L’homme, un combattant à la courte barbe rousse, qui aurait eu une quarantaine d’années s’il avait encore été en vie, dégageait bien plus qu’une simple impression de force. Il s’agissait presque de majesté, tant l’aura qui ceignait cet étrange combattant rayonnait de prestance et d’assurance. Cet homme, par sa simple présence, aurait rallié à lui des peuples entiers… s’il n’avait pas basculé dans le monde des morts. Farfadet eut pourtant comme une étrange impression.
Comme si… Comme si, sans savoir ni comment ni pourquoi…
Comme s’il connaissait déjà les traits de cet inconnu.
Derrière Farfadet, Skandasan, le troll élevé au sein de l’Aube d’Argent par le Duc Zverenhoff, s’était figé. Un horrible pressentiment venait de le traverser.
Il connaissait le visage de cet homme.

Vêtu d’une armure rougeoyante qui ressemblait trop à celle des officiers suprêmes de la Croisade Ecarlate pour qu’il s’agisse là d’une simple coïncidence, le quatrième homme regardait les aventuriers s’avancer en silence, mais Farfadet sentait qu’il était aux aguets, prêt à réagir en un éclair au moindre de leurs gestes. Il portait à la ceinture une gigantesque épée qui brillait d’un éclat verdâtre, et qui procura immédiatement au guerrier orc et à ses compagnons un irrépressible sentiment de profond malaise.
Farfadet, tout à la contemplation écœurée de l’arme de mort dont le tranchant aurait sans doute décapité Nefarian d’un seul mouvement, n’avait pas remarqué Sheogorath, qui s’était pétrifié en apercevant l’homme et son épée.
Pour la première fois, une totale stupéfaction se lisait dans le regard du démoniste à la main d’adamantite.

« Non… murmura-t-il pour lui-même. Pas ça… L’Ashbringer… Je la croyais détruite ! »

[Naxxramass, Salle de l’Assemblée des Quatre]

« Bienvenue à Naxxramass, héros !!! » clama l’homme à l’épée dans le silence de la pièce. Sa voix était assurée et chaleureuse, et imposa immédiatement un étrange respect parmi les aventuriers, qui savaient pourtant qu’ils avaient affaire à un ennemi des plus mortels.
« Je suis extrêmement impressionné de vous voir arriver si loin dans les profondeurs de notre forteresse, reprit l’homme. Ni Solaris, ni même le Maître ne croyaient pas cela possible. Mais je mentirais si je vous disais que cela ne nous réjouit pas, mes compagnons et moi-même. Car j’ai le regret de vous annoncer que votre voyage, admirable au demeurant, quoique totalement insensé, se termine ici.
Le Sire Zeliek, Lady Blaumeux, le Thane Korth’azz, et moi-même, allons avoir l’insigne honneur de vous envoyer dans l’autre monde !!!
- Et aurons-nous, de notre côté, l’honneur de connaître votre nom ? » répliqua Farfadet.
L’homme eut un léger sourire, puis s’inclina légèrement.
D’un seul coup, Skandasan se rappela d’où il connaissait le visage de leur interlocuteur. Un gémissement angoissé lui échappa.

« Mais très certainement, héros, répondit-il avec un sourire sardonique.
Je suis le Généralissime Alexandros Mograine… Le Porteur de l’Ashbringer. »
Un silence de mort accueillit cette déclaration.

« Mograine ??? finit par articuler Ivy, visiblement horrifiée. Mais…
- Oh, pendant que j’y pense, reprit celui-ci en posant son regard de braises sur la démoniste aux ailes de cygne, tandis qu’apparaissait dans ses yeux une soudaine et inattendue bienveillance.

Soyez remerciés de m’avoir ramené…

L’autre moitié…

De ma fille. »

[A SUIVRE…]

Comment ca, A suivre ... ??? Tu peut pas, t'as pas le droit de nous laisser ainsi sur notre faim !

TA TA DAAAAA!!!!!!!!!!!!

Enorme, comme d'hab

Vivement la suite!

je me fait tout les troll solo easy moi et je vien aidé a naxx trop long tout sa

c lio

yaouh !! chic la suite

« Se pourrait-il… Harrison Jones ??? »

J'ai adoré le clin d'oeil

Exellent, comme toujours...

nonnonnonNOOOON !!!!

J'ai tout lu !

Trop sadique le [ A suivre ], vivement la suite !!!