Chroniques écarlates (17)

Atiesh

Devant le portail tourbillonnant qui servait d’accès à la nécropole de Naxxramass, le calme était enfin revenu après la fuite de l’Ivy aux ailes noires et aux yeux de sang.
Farfadet, blessé, au bord de l’épuisement, s’était effondré dans les bras d’Ivy… Son Ivy.
Les longues ailes blanches de la jeune fille les entouraient tous deux, telles un cocon protecteur, leur offrant un abri de plumes angéliques qui apaisa enfin le cœur au supplice du guerrier.
Enfin… Après toutes ces épreuves… Les deux amants se retrouvaient.
Ivy soutenait doucement son époux sans dire un mot, tandis que des larmes coulaient de ses yeux bleus épuisés.
L’orc, en un pénible flashback, réalisa à quel point Ivy était semblable à celle qu’elle était par le passé, celle qu’il avait côtoyée sept ans plus tôt, dans cette autre époque où l’avaient envoyé les Gardiens du Temps. Mais son teint blanc, pâle comme la mort, et la lueur bleue surnaturelle qui scintillait doucement dans ses yeux tristes ne laissaient aucune ambiguïté : cette Ivy aux ailes blanches était bel et bien une morte-vivante.

« Je suis désolé de casser l’ambiance, résonna soudain la voix sarcastique de Sheogorath, qui s’était péniblement relevé lui aussi, mais nous avons un Nécromancien à éliminer. Tu ferais bien de libérer les âmes de nos compagnons, Ivy. Histoire que celui-ci puisse nous aider à les relever. » ajouta-t-il en désignant du pouce Arràgon, qui tentait laborieusement de se relever à son tour, fixant les trois survivants avec ahurissement.
Ivy et Farfadet, surpris, tournèrent la tête vers le démoniste déchu, qui, malgré son état, soutint leur regard avec son arrogance et sa froideur habituelle.
Après un instant, Ivy acquiesça et se redressa, en caressant doucement le visage de son époux, l’abandonnant à regret pour se diriger vers leurs alliés gisant à terre. Ses mains s’emplirent d’une intense lueur violette.
Farfadet, de son côté, se dirigea en toute hâte vers Arràgon, afin de l’aider à se remettre debout.
Lorsqu’il passa à proximité du démoniste qui n’avait pas bougé, la main mécanique de celui-ci s’abattit sur son poignet, l’enserrant de sa froide poigne d’acier. Interloqué, Farfadet regarda le démoniste droit dans les yeux, éprouvant un soupçon d’écœurement à la vue de ses chairs carbonisées qui se ressoudaient toutes seules.
« Ce qui s’est passé aujourd’hui… est réellement inespéré, chuchota Sheogorath, prenant bien garde à ce qu’Ivy ne l’entende pas.
- Que… Que veux-tu dire ? » demanda Farfadet.
Le démoniste leva un instant les yeux au ciel, agacé de devoir s’expliquer. Puis il se reprit.
« Tu as une chance inouïe, Farfadet, reprit-il, d’une voix où perçait cependant une légère ironie malgré la situation. L’amour qu’Ivy éprouve pour toi l’a empêchée de t’abattre.
- Mais… Que s’est-il passé ??? » demanda l’orc.
Son vis-à-vis jeta un coup d’œil discret vers Ivy pour s’assurer une fois encore qu’elle ne les écoutait pas. Mais la jeune fille leur tournait le dos, bras écartés, ailes majestueusement déployées. Des anneaux de lumière violette l’entouraient, et un souffle chaud et apaisant balayait maintenant toute la scène. Farfadet, pourtant peu versé dans les sombres arcanes que maniait son épouse, comprit cependant qu’Ivy était en train de ramener de la mort leurs compagnons tombés lors du terrible affrontement qui venait d’avoir lieu. De son côté, Arràgon, après avoir croisé un instant le regard de Sheogorath, s’était relevé et se dirigeait sans mot dire vers Ivy, déployant autour de lui son aura sacrée pour rendre force et santé à leurs alliés.
« Tu sais comme moi qu’Ivy n’est pas une démoniste comme les autres, et pas seulement parce qu’elle est l’élue de ton cœur, reprit Sheogorath à voix basse. Tu es le seul à avoir assisté au massacre de la Main de Tyr, mais même sans cela, vous avez tous vu au Pic Blackrock les terribles pouvoirs qui sommeillent en elle… Et qu’elle ne semble pas capable de contrôler.
Et ce qui m’inquiète au plus haut point, ajouta-t-il d’un air sombre, c’est qu’elle est loin d’avoir déployé toute sa puissance. »
Farfadet regarda son épouse, immobile, ses ailes blanches maintenant repliées dans son dos, tandis qu’Arràgon relevait les premiers Saigneurs Ecarlates. Ceux-ci, revenus de leur surprise, se relevaient en grimaçant, contemplant Ivy avec un mélange de stupéfaction et de méfiance, visiblement peu convaincus par les paroles d’apaisements et les rapides explications du paladin. Farfadet n’avait pas besoin de voir le visage de sa femme pour savoir que celle-ci pleurait silencieusement, contemplant le carnage qu’elle avait perpétré sous l’influence de la créature maléfique qui s’était enfuie après l’avoir vomie.

« Ce qui nous a sauvé aujourd’hui, reprit Sheogorath après un instant, c’est que la vraie personnalité d’Ivy, celle que tu as épousée, n’a pu supporter de te voir en danger par sa faute, et elle a mis en difficulté cette part d’elle-même qui a pris le contrôle de son corps… Cette… Ivy… aux yeux rouges qui est aussi celle que nous avons rencontré à la Main de Tyr… Et celle qui a vaincu Sylvanas Windrunner. »
L’étrange hésitation du démoniste à prononcer le nom d’Ivy pour désigner leur adversaire aux ailes noires n’échappa pas au guerrier orc, qui s’abstint cependant de relever.

« Le problème, conclut Sheogorath, c’est que, de la même manière, l’Ivy qui est au service de Kel’Thuzad a du même coup réussi à se débarrasser de son « bon » côté.

Il est donc plus que probable que lorsque notre chemin recroisera celui de cette Ivy aux ailes noires, elle n’aura pas le moindre remords à tous nous éliminer, y compris sa jumelle. »

Lorsque Skandasan ouvrit enfin les yeux, ramené des portes de la mort par Arràgon, plus que la douleur, ce fut la tristesse qui l’étreignit tout d’abord.
Il avait vu l’humaine qu’il tenait en plus haute estime basculer du côté du Fléau avec une effrayante facilité. Lui qui avait longtemps côtoyé la ravissante épouse du Duc Zverenhoff était dévasté de voir le monstre qu’elle était devenue. Heureusement, songea-t-il en se relevant lentement, que le destin avait épargné au Duc de devoir affronter sa propre femme !
En se redressant pour contempler le spectacle de ses compagnons d’infortune qui se remettaient eux aussi debout les uns après les autres, le chaman découvrit avec stupeur que bien que le combat eût cessé, leur adversaire était toujours parmi eux. Il eut un mouvement de recul devant Ivy, seule au milieu des autres, cible de tous les regards méfiants et soupçonneux…
Mais lorsqu’il vit les ailes blanches humblement repliées derrière son dos, et qu’il croisa son regard bleu et triste, Skandasan comprit, et une lueur de joie et d’espoir s’alluma à nouveau dans son cœur.
Cette fois-ci, il n’y avait pas d’erreur possible. Ils avaient bel et bien retrouvé Dame Ivy.
Le premier, il s’avança lentement devant la démoniste, sous les yeux réprobateurs de ses camarades, à l’affût du moindre mouvement suspect de la morte-vivante aux ailes de cygne.
Il esquissa la révérence qu’elle lui avait elle-même appris, autrefois, à exécuter pour bien se comporter dans le monde des hommes, et dit d’une voix émue :
« Dame Ivy… Quelle joie de vous revoir. »

Ivy ne répondit tout d’abord pas. Tous les membres des Saigneurs Ecarlates ne les quittaient pas des yeux, et le silence régnait en maître sur la scène.
Puis, des larmes apparurent à nouveau dans les yeux de la jeune femme.
« Je suis tellement désolée… » murmura-t-elle.
Farfadet s’approcha d’elle et l’enlaça doucement, lui murmurant quelques paroles apaisantes.

Skandasan, qui savait que l’Ivy dont il avait entendu parler à Lune d’Argent avait épousé le fameux Farfadet, fut quelque peu gêné de voir l’épouse du Duc dans les bras d’un autre… Et pourtant, son instinct lui soufflait que… Que c’était bien ainsi. Il ne put s’empêcher de sourire d’un air contrit à Ivy lorsque celle-ci, au travers de ses larmes, lui lança un regard empli de gratitude.
Le sourire de joie de Skandasan était communicatif, et nombre de visages se détendirent, visiblement rassurés quant aux intentions de leur ancienne alliée.
Pas tous.

La plupart n’avaient pas vu s’enfuir l’Ivy aux yeux rouges, mais nul ne semblait pouvoir oublier quelle terrifiante adversaire avait été la démoniste morte-vivante.

[Stratholme]

Les Saigneurs Ecarlates étaient à présent tous debout, et contemplaient silencieusement, presque respectueusement, le portail qui continuait à tourbillonner sans relâche devant la ville de Stratholme, comme un défi lancé à tous les aventuriers suffisamment braves pour oser s’y engouffrer.
Le seul fait que celui-ci ne se soit pas refermé avec la fuite de l’Ivy noire prouvait…
Qu’ils étaient attendus.

Après un coup d’œil circulaire à ses valeureux alliés, Farfadet s’avança bravement au travers du portail.
L’un après l’autre, ses compagnons l’y suivirent, dans un silence quasi religieux, Sheogorath fermant la marche, ses blessures maintenant refermées par son étrange magie.


Sur la place maintenant déserte et mortellement silencieuse de Stratholme, un vent glacé se mit à souffler, soulevant des volutes de poussière chargés des relents de mort de la cité déchue.

Le portail arcanique se referma brusquement.

Si quelqu’un avait encore été là, il aurait entendu, quelque part au sein de la ville morte, le glas qui se mit subitement à sonner, emplissant les ruelles abandonnées de la cité de son timbre lugubre.

Vous n’en sortirez pas vivants, promettait-il.

Lorsque le dernier d’entre eux (en l’occurrence, Sheogorath, le Traître) se fut rematérialisé parmi eux, les Saigneurs Ecarlates observèrent avec attention leur environnement.
Ils se trouvaient au centre d’une pièce circulaire, dont les murs de pierre luisaient doucement d’une glaciale lueur bleutée, vaguement menaçante.
Elerin frissonna. Il faisait extrêmement froid, ici.

Farfadet regarda attentivement les quatre arches de pierre qui s’ouvraient sur de longs couloirs silencieux. Chacune était parée de sinistres ornements, tels que des crânes et d’autres créatures grotesques semblables à des gargouilles de pierre. Il éprouva à cette vue un inexplicable sentiment de malaise… Avant de se rendre compte qu’il s’agissait non pas de sculptures de pierre, mais de crânes humains.
« Et maintenant ? » demanda-t-il, réprimant un haut-le-cœur.

Sa question ne s’adressait à personne en particulier, mais il était pourtant tourné vers son épouse aux ailes blanches, espérant sans y croire vraiment qu’elle saurait quelle direction prendre. Il avait malheureusement déjà constaté qu’Ivy semblait avoir perdu le souvenir de la plupart des évènements depuis la mort de Nefarian.
La démoniste lui lança un regard empli de tristesse et d’impuissance, ne parvenant ni à se rappeler de la topographie des lieux, ni du chemin à emprunter pour en atteindre le terrible propriétaire.

Inexplicablement, ce fut quelqu’un d’autre qui répondit.
Le Traître.
Encore une fois.

« Par ici. » dit-il laconiquement en pointant l’arche du nord-ouest.

Avec méfiance, Farfadet apostropha le démoniste.
« Et comment le sais-tu ? » demanda-t-il vivement.
Sheogorath tourna vers lui son regard mort et pourtant empli d’une effrayante volonté, et dans lequel brillait une pointe d’exaspération.
« Je suis déjà venu. » se borna-t-il à répondre, avant de s’avancer vers l’arche qu’il avait désignée sans laisser à ses compagnons le temps de digérer cette révélation.

Les aventuriers l’y suivirent, non sans appréhension.
Ils avaient payé pour savoir que le démoniste avait ses propres objectifs en tête…

Et qu’il n’aurait aucun scrupule à tous les sacrifier pour les réaliser.

Le cheminement le long du couloir se faisait dans un silence de mort, seulement ponctué, par intervalles, des lointains cris d’agonie de quelque malheureuse victime torturée dans les geôles de la forteresse volante. L’écho était étrange, amplifiant, déformant ou réduisant les sons sans aucune logique. A l’évidence, de puissantes magies étaient à l’œuvre dans cet endroit maudit, songeait Arràgon, avec une inquiétude grandissante. Depuis leur entrée dans la citadelle, le paladin était assailli de toutes parts par des rayonnements impies, que ses compagnons ne pouvaient évidemment pas ressentir.
Enfin, pas tout à fait, songea-t-il en posant les yeux sur le guerrier Looping, qui avançait devant lui, à hauteur de Sheogorath, prêt à réagir en cas d’attaque.
Cet orc le pouvait peut-être… Si l’hypothèse d’Arràgon était bonne. Il devait absolument lui parler le plus rapidement possible… En tête à tête.
Et sans éveiller l’attention du terrible démoniste qui s’était improvisé leur guide au sein de la Nécropole.

Tout à ses réflexions, le paladin s’aperçut soudain que la lueur des murs avait changé. De ce sinistre bleu qu’elle était au début, elle s’était mue en un rayonnement verdâtre, malade et poisseux. Autour de lui, ses compagnons (les vivants, du moins) semblaient éprouver de la difficulté à respirer un air de plus en plus nauséabond et chargé de soufre et d’autres vapeurs semi-toxiques.

« L’Aile des Assemblages. » dit soudain Sheogorath sans se retourner, après que plusieurs de ses compagnons eurent émis des quintes de toux.
- Qu’as-tu dit ? » demanda Farfadet, surpris, tandis qu’à ses côtés, Ivy écarquillait ses yeux bleus, comme frappée par la foudre.
- L’Aile des Assemblages, répéta le démoniste avec agacement.
- Le laboratoire de Kel’Thuzad… » murmura Ivy.
Le guerrier se tourna vers elle.
« Le laboratoire ? » répéta-t-il, intrigué.

Ivy acquiesça lentement, comme perdue dans ses pensées. Encore une fois, ce fut Sheogorath qui la dispensa de répondre.
« Kel’Thuzad est extrêmement intelligent. Il a très vite compris que, malgré ses immenses pouvoirs, il ne pourrait maintenir le contrôle sur tous les morts-vivants qui reviennent à la vie. Les créatures appelées « Abominations », comme Rammstein, ajouta-t-il dans le silence avec un coup d’œil appuyé à Farfadet, sont le fruit de ses premiers travaux dans cette direction. Il a créé, à partir de morceaux de cadavres réanimés, ces monstrueuses créatures décérébrées qui lui obéissent aveuglément sans pour autant être liées directement à lui, au contraire, par exemple, du lien qui existait entre Sylvanas et ses Réprouvés. Le défaut, bien entendu, est que n’ayant pas de volonté propre, elles sont incapables de la moindre initiative, ni du moindre raisonnement.
- Mais… objecta Farfadet, Rammstein parlait ! Comment… »
Il s’interrompit, repensant à la créature qui avait abattu Nathanos Blightcaller, et aux mystérieuses révélations que celui-ci avait faites à l’agonie… à propos d’Ivy.
Les derniers mots de Nathanos résonnèrent dans son esprit, faisant courir un frisson dans le dos du guerrier.
« Défends-la…contre elle-même !!! »
Oh, comme il avait eu raison !
Nathanos savait-il déjà ce qui allait se passer ??? songea Farfadet, étourdi de constater à quel points ses paroles se révélaient prophétiques.
Ou ces quelques phrases énigmatiques cachaient-elles un autre secret encore plus terrible sur son épouse ?

Dans l’assistance, plusieurs des aventuriers connaissaient la sinistre réputation du monstrueux Rammstein, et découvraient avec surprise que Farfadet l’avait affronté. Eux non plus ne comprenaient pas comment un tel monstre décérébré pouvait être doué de raisonnement.
Skandasan, en particulier, qui avait vu Leonid Barthalomew tomber face à la terrifiante créature, regardait Farfadet, impressionné de côtoyer un orc qui avait survécu à une telle rencontre. Malgré la situation, une joie fugitive le traversa : la mort de Leonid, même si celui-ci était ensuite revenu à la vie grâce à la Dame Noire, avait été vengée.

« J’ai dit que les Abominations étaient le fruit de ses premiers travaux, répondit Sheogorath d’une voix cassante. Il a poussé ses expériences bien plus loin. Et je ne serais pas étonné qu’il ait également exploré d’autres directions. N’est-ce pas, Ivy ? interrogea-t-il en regardant la démoniste, que son air horrifié et perdu n’avait pas quitté.
- Je… Je ne sais plus… répondit-elle d’une voix hésitante.
- Ca suffit ! » s’écria Farfadet.
Sheogorath ne répondit pas, mais fixa Farfadet droit dans les yeux, soutenant le regard furieux de l’orc avec un sourire méprisant.

Je n’en ai pas fini avec elle, semblait-il dire.

La progression prudente des aventuriers avait repris, dans un silence gênant.
Malgré l’apparente bonne volonté de leur alliée aux ailes blanches, les paroles de Sheogorath avaient réveillé les doutes et la méfiance des Saigneurs Ecarlates par rapport à Ivy, et seule la confiance qu’ils accordaient à Farfadet leur permettaient de la garder avec eux.

Les aventuriers trouvaient plus qu’étrange de n’avoir rencontré aucune opposition depuis leur entrée dans la forteresse. Ils savaient, puisque l’Ivy noire s’était enfuie, que le Nécromancien était au courant de leur présence à Naxxramass.
Alors pourquoi ne rencontraient-ils aucun adversaire dans ces lugubres couloirs ?
Yuggoth, qui avait repris le contrôle de lui-même grâce à la magie vaudoue des trolls, s’était réjoui de voir que Knakette avait réussi à fuir Ahn Qiraj lorsque la Dame Noire était tombée et que Kel’Thuzad avait pris le contrôle des Réprouvés. Mais le souvenir de la terrible bataille qu’ils avaient menée quelques temps plus tôt aux côtés de la tauren ajoutait à son malaise : le contraste entre les innombrables insectes qui les harcelaient sans cesse dans la cité Qiraji et les couloirs déserts de la citadelle de Naxxramass (qu’il n’avait jamais eu l’honneur de visiter, même sous l’emprise du Nécromancien) avait quelque chose d’inquiétant.
Comme tous ses compagnons, il restait à l’affût, sachant que le moindre pas dans la place forte ennemie pourrait déclencher un piège mortel…

Le long couloir sinueux qu’ils suivaient depuis un moment déboucha soudain sur une grande salle enfumée, emplie de machines compliquées et d’établis alchimiques. Toute la circonférence de la pièce était parcourue par un canal creusé à même le sol, et empli d’un liquide verdâtre et nauséabond, dont la couleur était sans doute à l’origine de la lueur malade qui scintillait sur les murs.
L’endroit semblait, là encore, étrangement désert.

Au centre de la pièce, un corps gisait face contre terre, inerte. Un elfe.
Pourtant, Sapristi se rua soudain vers lui, abandonnant toute prudence.
« Il est toujours vivant ! » s’exclama-t-elle.

Les Saigneurs Ecarlates lui emboîtèrent aussitôt le pas, oubliant malgré eux que cela aurait pu être un piège.

Sapristi retourna délicatement le corps. Après un moment, l’elfe ouvrit les yeux, lançant des coups d’œil aveugles aux aventuriers qui l’entouraient.
« Un mage, murmura Etanol. Quel rayonnement incroyable… Je n’en ai jamais vu de pareil. »

Skandasan, de son côté, était horriblement mal à l’aise.
Lui, sans doute le seul dans l’assemblée, avait déjà croisé un tel rayonnement énergétique, aux premières heures de lutte contre les forces du Fléau… Lorsque qu’il avait croisé l’Archimage Angela Dosantos, du Kirin Tor. Envoyé en compagnie du Duc Zverenhoff à sa rencontre, Skandasan avait assisté au combat de la magicienne contre une horde de morts-vivants… Lorsqu’elle les avait anéantis d’un claquement de doigts.
Si le troll ne se trompait pas, ils avaient devant eux l’un des plus puissants mages d’Azeroth.
Et le voir dans un tel état était évidemment un très mauvais présage.

L’elfe gémit, puis se mit à parler fébrilement.

« Nous… Nous avons peut-être encore le temps… Ecoutez-moi bien. » dit-il d’une voix absente, qui se raffermit cependant au fur et à mesure que les mots se précipitaient dans sa bouche.
Les héros se regardèrent, mal à l’aide. Ils ne savaient pas réellement si l’elfe s’adressait à eux… ou à d’autres interlocuteurs invisibles.
« J’ai cherché à travers le temps et le néant. J’ai passé des pactes avec des entités si viles et si abominables… »
L’elfe était en plein délire. Il se mit à tousser, et un flot de sang s’écoula de sa bouche. Il n’en avait plus pour longtemps.
« Pensez-vous… Pensez-vous qu’Elune m’ait abandonné ? reprit-il d’une voix brisée. Mourir ici… De cette manière…
- De quoi parlez-vous ? » demanda Sapristi, qui réalisait que même les soins les plus puissants ne pourraient rien pour le mage.
Il tourna son regard aveugle vers elle et se mit à sangloter.

« Ce que j’ai fait… Des actes horribles, tellement horribles…
- De quoi parlez-vous ? Comment auriez-vous pu commettre des actes horribles ? demanda la prêtresse, tentant malgré elle d’adoucir les derniers instants de leur interlocuteur.
- Je suis un Bien-Né, mortels, Je suis l’archimage Tarsis Kir-Moldir, dit-il, confirmant les craintes de Skandasan. Cela ne veut plus rien dire aujourd’hui, mais il fut un temps où les Bien-Nés régnaient sur le monde. C’était il y a dix mille ans…
- Les Bien-Nés ??? » coupa Oniri, éberluée d’entendre parler en ces lieux des plus anciens ancêtres de son peuple.

L’elfe ne parut même pas entendre l’interruption.
« Je veux le récupérer, mortels, haleta-t-il. Avec lui, les Bien-Nés pourraient renaître. Je pourrais tout faire revenir. Même la Reine… »

Sapristi secoua tristement la tête. Les propos du mage n’avaient ni queue ni tête. Soudain, tandis qu’elle se relevait pour annoncer le terrible diagnostic à ses compagnons toujours silencieux, le mage agrippa tant bien que mal sa robe. Il avait beau agoniser, une incroyable puissance faisait encore luire ses yeux perdus dans le vide.

« Ecoutez-moi bien, héros, car ce que je vais dire aura un sens, je vous le jure. J’ai tout donné pour cela… J’avais rassemblé les fragments… Mais elle…Elle… Elle me les a pris.
- Quels fragments ? » demanda Sheogorath, soudain beaucoup plus attentif aux derniers mots du mage.

Knakette, derrière le démoniste déchu, blêmit subitement. Elle avait l’impression que le sol venait de s’ouvrir sous ses pieds.

« Les fragments d’Atiesh. Atiesh… Le grand bâton du Gardien. Le bâton transmis à travers les âges d’un Gardien de Tirisfal à l’autre. Le bâton du dernier Gardien. Le bâton de… Medivh. »
- Atiesh a été perdu à la mort de Medivh, Tarsis, répliqua aussitôt Sheogorath, cinglant. Comment auriez-vous pu le retrouver ? »

Les yeux de Tarsis s’illuminèrent. Il n’avait qu’à moitié entendu la question de Sheogorath.
De leur côté, les Saigneurs Ecarlates échangèrent des regards anxieux. Que le Traître entende parler de cette arme à la puissance incalculable était loin d’être une bonne nouvelle. Heureusement, il ignorait encore que la base du bâton était maintenant en sécurité à Lune d’Argent… Il fallait tout faire pour le lui cacher.
Il en savait visiblement déjà beaucoup sur l’arme de Medivh.

« Je l’ai tenu une fois, reprit-il. Je l’ai tenu, en dépit des avertissements du Kirin Tor. Je l’ai tenu, mortels… Un pouvoir sans limite… Le pouvoir de faire ce que je désirais, comme je le désirais. Il m’a été repris aussitôt. Mais j’y avais goûté… Et c’était suffisant.
- Qu’est-il arrivé au bâton ? » redemanda Sheogorath, beaucoup plus pressant cette fois.
Il semblait prêt à empoigner le mage et à lui arracher par la force cette réponse qui tardait à venir. Ses compagnons l’observaient silencieusement, de plus en plus mal à l’aise.
Le démoniste en savait visiblement long sur le Bâton des Gardiens, peut-être même plus que Knakette elle-même. Ce n’était pas bon signe. Même s’il était à l’heure actuelle le seul mort-vivant encore libre de ses mouvements, tous gardaient à l’esprit les actes passés de celui que les Réprouvés nommaient (à juste titre) le Traître.

« Il a été brisé à la chute de la Citadelle Pourpre… Brisé en morceaux, chuchota faiblement Tarsis, qui, aux portes de la mort, ne pouvait évidemment se rendre compte à qui il parlait.
- Pourquoi Naxxramass ? interrogea encore le démoniste.
- Kel’Thuzad déploie des efforts considérables pour reconstituer le bâton. Ses morceaux étaient dispersés aux quatre coins du monde, de Kalimdor aux Mers du Sud. A un moment donné, je les avais presque tous… Mais l’un d’entre eux, la tête, est en possession de Kel’Thuzad depuis longtemps. C’est la raison de ma présence ici.
- Vous avez affronté Kel’Thuzad ??? » s’écrièrent les Saigneurs Ecarlates. Sheogorath, lui, était subitement retombé dans son mutisme habituel, mais ses yeux brillaient d’une lueur avide.
« Est-ce lui qui vous a mis dans cet état ? demanda Sapristi, qui soutenait toujours le mage à l’agonie.
- Oh non, mortels, reprit l’elfe d’une voix de plus en plus faible. Je n’ai même pas eu l’honneur d’intéresser Kel’Thuzad. Il m’a envoyé l’un de ses sbires… Une morte-vivante… Elle… Elle m’a repris tous les morceaux du bâton des Gardiens…
- Elle ? » interrogea Farfadet, tandis que la lueur lugubre de la compréhension illuminait son esprit. Il regarda l’Ivy blanche qui se tenait à ses côtés, pâle et horrifiée. Ils savaient déjà tous deux de qui parlait le mage…

« Une démoniste… Une puissance inimaginable… Je n’ai rien pu faire… Ses yeux… »

Pour la première fois, le regard de l’elfe se posa sur l’Ivy blanche, et un spasme tordit soudain ses traits. « C’était vous !!! dit-il dans un cri où se mêlaient douleur et terreur.
- Non, ce n‘était pas moi !!! répondit Ivy, au bord des larmes. Jamais je n’aurais pu faire une chose pareille… Je… »

Mais la démoniste s’interrompit. Une phrase venait de retentir dans son esprit, écho des souvenirs confus qu’elle partageait involontairement avec sa jumelle maléfique. Une phrase qu’elle avait déjà prononcée.
« Je me suis déjà occupée de l’archimage. », entendit-elle avec horreur.
Oh oui, elle s’en était occupée. Et comment !!!

Pourtant, le mage se calma, et sa respiration sifflante sembla se faire un peu plus facile. Il jeta un nouveau regard soudain apaisé sur la démoniste, semblant voir dans ses yeux bleus la réponse qu’il attendait.
« Tu as raison…chuchota-t-il. Ce n’était pas toi… Et pourtant…
- C’est donc Kel’Thuzad qui possède tous les morceaux ? » reprit subitement Sheogorath, songeur, à la surprise de tous.

Tarsis tourna son regard aveugle vers lui.
« Vous ne m’écoutez pas !…Non, si Kel’Thuzad avait reconstitué le bâton, je ne pense pas que cette conversation serait… possible. Kel’Thuzad détient la tête, et, par ma faute, la hampe d’Atiesh. Quant au dernier morceau, son talon, il a été découvert par Brann Bronzebeard, l’explorateur nain. La dernière fois que Brann a été vu, c’était dans le désert de Sillithus. Je le soupçonne de… faire l’impossible pour… échapper… aux traqueurs que… Kel’Thuzad… a dépêché dans ce… monde. Ils ne s’arrêteront pas… avant de l’avoir retrouvé…»

Les Saigneurs Ecarlates se regardèrent sans répondre. Il n’était plus temps de réconforter l’archimage en lui révélant que les forces de Lune d’Argent veillaient à présent sur la base de l’arme légendaire au péril de leur vie.
Il ne fallait surtout pas que Sheogorath en entendît parler.

L’elfe respirait de plus en plus péniblement. Le sang s’était remis à couler de sa bouche, en flot ininterrompu cette fois.
« Prenez garde, mortels… murmura-t-il encore avant de rendre l’âme. Il y a ici… des ennemis… plus puissants que… tout ce que vous pouvez imaginer… »

Les Saigneurs Ecarlates contemplèrent un moment la dépouille de l’elfe, essayant de mesurer l’importance de ce qu’il leur avait révélé. L’Ivy blanche semblait tétanisée devant l’horreur de ce qu’elle avait commis sous l’emprise de Kel’Thuzad et sanglotait doucement contre l’épaule de son époux.
Sheogorath était redevenu silencieux, mais la lueur avide n’avait toujours pas quitté son regard. Farfadet avait compris les intentions du démoniste déchu, et savait qu’il faudrait certainement se méfier du Traître, si jamais ils arrivaient à trouver et à vaincre le Nécromancien.
Le plus inquiétant était sans doute qu’il se doutait que Sheogorath savait parfaitement que les autres avaient deviné ce qu’il avait en tête… Et que le démoniste s’en moquait totalement.
A l’heure actuelle, la seule en mesure de le mettre en échec était…
L’autre Ivy.

Avec un dernier regard perçant au Traître qui se contenta de lui répondre d’un demi-sourire amusé, Farfadet se retourna vers l’arche de pierre au fond de la pièce, qui entamait un autre sombre couloir.

Les Saigneurs Ecarlates abandonnèrent la dépouille de l’archimage que sa soif de pouvoir avait perdu, et s’engouffrèrent à la suite de leur chef à la rencontre de leur destin.

[Lune d’Argent]

Lioness, songeuse, se tenait sur les remparts de Lune d’Argent, observant de loin les troupes mortes-vivantes toujours massées autour de la cité, hors de portée de leurs tirs.
Elle avait tenu sa promesse et amené la trollesse Azena à son père, le Seigneur Vol’Jin, mais il lui avait semblé, en les laissant tous deux, que les retrouvailles du père et de la fille étaient plus que glaciales.
Mais il y avait des problèmes plus urgents à régler.


La situation s’était considérablement détériorée depuis qu’elle avait quitté Lune d’Argent pour les Maleterres.
La supériorité numérique des morts-vivants était écrasante, et la Matriarche craignait qu’une charge massive ne soit fatale à la capitale elfe. Elle réfléchissait à toute allure pour trouver une parade.
Malheureusement, il semblait n’y avoir aucune issue.

En des heures si sombres, elle remerciait le ciel qu’à la fois sa fille Oniri et la mystérieuse Teela soient si loin de la cité des elfes.

Oniri était sans doute plus en sécurité sous la protection d’Arràgon, même si sa fille ignorait qui était le « paladin »… En fait, songea-t-elle, maintenant que Sylvanas avait quitté ce monde, elle était seule avec le Régent Lor’Themar Theron à savoir qui se cachait réellement derrière cette apparence.
Et si tout allait bien, espérait-elle, Oniri n’aurait jamais à le savoir.

Quand à Teela, elle préférait la savoir à l’abri loin de Lune d’Argent, mais de nombreuses questions restaient en suspens à son propos.
Le Duc Zverenhoff s’était fermé comme une huître dès qu’elle avait voulu lui parler de la jeune elfe aux pouvoirs étranges qui était si miraculeusement apparue au sein des Elfes de Sang, éludant avec obstination les questions de la Matriarche.


Soudain, un cri d’alerte retentit sur les remparts.
Des clameurs guerrières en provenance des forêts de l’est se firent entendre.
Des cris de guerre hostiles qu’elle avait déjà entendus et affrontés, il y avait longtemps.
Les Trolls.

Lioness plissa les yeux. Autour d’elle, ses hommes tournèrent eux aussi leur regard vers l’est.
« Se pourrait-il que ces imbéciles nous servent enfin à quelque chose ? » marmonna-t-elle tandis que les premiers guerriers trolls surgissaient de l’orée de la forêt pour se ruer sur les morts-vivants les plus proches.

Les Amani avaient visiblement décidé de profiter du siège de Lune d’Argent pour tenter d’envahir à nouveau Quel’Thalas.

Lioness s’abîma un instant dans ses souvenirs. Un horrible sentiment de déjà-vu s’empara d’elle.
Elle avait déjà combattu ces adversaires… Et leur terrible chef.
Du temps où la stupidité des Hommes n’avait pas encore banni le peuple des elfes.

Elle se reprit. Il fallait absolument profiter de cette diversion. La Matriarche voulut descendre des remparts pour rejoindre Lor’Themar Theron et lui exposer son plan, lorsqu’un cri d’Evamoyshion, son second lieutenant (la paladin qui avait pris la relève du commandement de la garde rapprochée de Lioness depuis la mystérieuse disparition de Misswar, le premier lieutenant, quelques jours plus tôt), attira son attention.
Elle désignait les lignes de leurs assaillants.

Les morts-vivants reculaient.

Lioness se figea, refusant de croire ce qu’elle voyait. Certes, une partie des troupes restait à combattre et ralentir les Trolls qui surgissaient maintenant en flots continus des bois Amani, mais la grande majorité avait fait demi-tour et cheminait maintenant rapidement en direction de l’Ouest. Comme s’ils retournaient à…

La paladin se hâta en direction de la Flèche de Solfurie. Il fallait informer le Régent immédiatement.

Lorsqu’elle déboucha dans la salle du trône, elle eut la surprise d’y retrouver Lor’Themar, en vive conversation avec le Grand Magistère Rommath et Halduron Brightwing, celui qui avait succédé à Sylvanas Windrunner.
Elle n’eut qu’un regard rapide pour le Général Ranger (qui, bien qu’intelligent et loyal, n’arrivait pas à la cheville de l’infortunée Sylvanas), tandis que Rommath la considérait d’un œil sévère, contrarié de l’interruption.
Le mage n’avait jamais apprécié Dame Lioness, qui avait toujours été nettement moins diplomate que sa sœur Liadrin., notamment pour tout ce qui concernait la magie des Arcanes.
Malgré tout, elle respectait Rommath, en particulier pour la loyauté sans faille qu’il témoignait au Prince Kael’Thas malgré le silence prolongé de celui-ci.

Au bout d’un instant, Lioness se décida à parler : « Les trolls attaquent !
- Quoi ??? s’exclamèrent les trois elfes.
- Mais ce n’est pas le plus étrange, reprit la paladin sans s’arrêter. Les morts-vivants semblent repartir vers l’Ouest… »

Lor’Themar, Rommath et Halduron échangèrent un regard. Lioness se figea.

Il s’était passé autre chose.

« C’est forcément lié, dit le Régent.
- Mais comment cela a-t-il pu arriver ? demanda Rommath, dont la voix s’étranglait de rage et d’angoisse.
- Le temps presse, ajouta Halduron. Si les Amani recommencent leurs raids, nous devons nous tenir prêts. »

Il se tourna vers Lioness, qui tentait de comprendre ce dont parlaient les trois hommes.
« Il semblerait que nous devions à nouveau tailler du troll, ma chère… lui lança-t-il en souriant nerveusement.
- Et j’vais vous aider pour ça. » lança une voix derrière la paladin. Elle se retourna, et se figea en voyant approcher le chasseur Vol’Jin.

« Non !!! » tonna soudain une voix que Lioness, surprise, reconnut comme celle de la chasseuse qui l’avait accompagnée à Lune d’Argent.
Le chef des Darkspear s’arrêta, lui aussi, tandis que flamboyait soudain dans ses yeux une fureur que la paladin n’avait jamais vue briller dans les yeux du troll à l’air tranquille.
« Azena… commença-t-il en se tournant vers sa fille, qui s’avançait à son tour, ses artifices et colliers vaudous s’entrechoquant autour de son cou. Ca, c’est pas ton combat… Tu dois…
- C’est ce qui vous trompe, Père, coupa immédiatement la chasseuse, une lueur de défi dans les yeux, tandis qu’à ses côtés, son loup apprivoisé toisait le vieux Vol’Jin en grondant. Vous croyez que vous perdre dans ce combat rachètera ce que vous avez fait à Mère… Mais vous vous trompez !
- C’est pas… commença le Chasseur des ombres, puis il s’interrompit. Soudain, c’était la tristesse, et non la fureur, qui se lisait dans ses yeux, songea Lioness.
- De toutes façons, reprit Azena en haussant les épaules, vous êtes trop vieux pour de tels combats… Et la Horde a besoin de vous. Notre peuple a besoin de vous.

Ce qui n’est plus mon cas depuis longtemps. » ajouta-t-elle en tournant les talons, digne et furieuse.

L’assistance la regarda quitter la salle, son loup sur les talons, sans oser briser le silence gênant qui s’était installé.

« L’aide de votre fille sera la bienvenue, seigneur troll, répondit lentement Lor’Themar Theron au meneur troll des Darkspear. Elle accompagnera donc Dame Lioness, qui est la mieux placée pour combattre notre ennemi commun… »
L’intéressée tourna brutalement la tête vers Halduron, réalisant soudain avec un frisson de quoi parlait le Régent. Il ne pouvait y avoir qu’une seule explication.

« Zul’Jin… murmura la Matriarche. Il est… »
Le Ranger acquiesça.

« Oui, ma chère. L’heure est plus que grave. Non seulement Zul’Jin est revenu…
- Mais le Fragment d’Atiesh que nous a confié l’envoyée du Cercle Cénarien a disparu. » compléta sombrement Rommath.

[Naxxramass]

Sheogorath, malgré son apparente impassibilité, était presque malade d’excitation.

Il n’espérait plus retrouver la trace d’Atiesh. Enfin, une nouvelle piste s’ouvrait à lui ! Et quelle piste !!!
Le Bâton des Gardiens était à sa portée…

Il regarda Knakette, la druidesse qui avait récemment rejoint les Saigneurs Ecarlates, qui cheminait prudemment juste devant lui, sans le moindre coup d’œil en arrière.

Le Traître eut un léger sourire que personne ne vit.
A présent, il s’expliquait nettement mieux l’étrange aura qui émanait d’elle. Un rayonnement si fin, si subtil, qu’il était persuadé d’être le seul à l’avoir remarqué.

Il avait déjà senti depuis longtemps que Knakette cachait un mystère, et se doutait que les autres étaient au courant de quelque chose. Les Saigneurs Ecarlates ne sauraient jamais garder un secret, songea-t-il avec un sourire sardonique.

Mais la tauren, elle, n’avait visiblement pas tout dit à ses compagnons.

Elle avait par exemple omis de leur préciser qu’elle avait emmené le talon d’Atiesh avec elle à Naxxramass.

Oui… C’était réellement parfait, ricana-t-il intérieurement avec avidité.

[A SUIVRE…]

Toujours la pour applaudir des deux mains et des deux pieds!

mouarf, Knakette à encore fait sa tête de mule...

La suite , la suite , la suite....

Salut tout le monde les gens

Alors la chapeau Ivy réussir a arrangé le délire qu'on se fait avec Miss d'amour dans ton histoire et a tué étanol j'aime sa BIG GG

Top, comme d'hab

La suiiiiiiteeeuuuhhhh!!!!!!!!!

ho! la suite est arrivez!! vite vite!! " trop fort! , arf déjà fini pff faut a nouveau attendre la suite!!

trop bien comme d'hab

Aller encore 5 et j'ai rattraper mon retard