Chroniques Ecarlates (01)

Trahison

[Undercity, premier cycle de Lune]

Le silence régnait dans Undercity endormie.
Si l’on pouvait dire. La cité ne dormait jamais vraiment, car ses habitants ne connaissaient plus le sommeil depuis qu’ils avaient rejoint les rangs des Réprouvés.
Toutefois, l’activité se ralentissait toujours à la nuit tombée. Comme si, malgré tout, les morts se souvenaient des humains qu’ils avaient été.
Ou peut-être était-ce là un moyen de plus d’éviter d’attirer l’attention de curieux malvenus.

Le Maître Apothicaire Faranell embrassa d’un regard son laboratoire, songeur.
Déjà de son vivant, il aimait travailler la nuit, car on était beaucoup moins dérangés par les importuns lorsque ceux-ci restaient dans leurs lits.
Même si ce raisonnement n’avait plus lieu d’être ici, l’alchimiste préférait tout de même réaliser ses expériences les plus cruciales avec discrétion.
La mission qui lui avait été confiée par Dame Sylvanas elle-même était trop importante pour être compromise par une maladresse de ce style.
Il se replongea dans l’étude des curieux échantillons que Zinge s’était procurés il ne savait où dans la forêt de Silverpine. Ils présentaient des propriétés… Vraiment intéressantes.

Soudain, il releva la tête.
Un étrange bruit l’avait tiré de son travail.
Une sorte de sifflement. Discret, ténu, mais indéniable et presque…
Menaçant.
Faranell n’aimait pas ça. Ce n’était pas l’un des bruits habituels de leur cité. Il les connaissait tous.

Soudain, Faranell eut la désagréable impression qu’il n’était pas seul dans l’Apothicarium.

Mal à l’aise, il se hâta, malgré ses vertèbres brisées (un souvenir de sa mort face aux forces du Fléau, alors qu’il défendait désespérément Dalaran), d’aller quérir une des sentinelles qui montaient la garde auprès de la Salle du Trône, non loin de là. Il se devait au moins de prévenir les gardes. Après tout, la sécurité de la Reine en dépendait peut-être.
Lorsqu’il sortit du laboratoire, il gravit rapidement les quelques marches qui le séparaient de l’arche qui menait à la chambre royale. Dans la pénombre, il voyait la sentinelle montant la garde, adossée au mur, quelques mètres plus haut. Comme celle-ci ne répondait pas à son appel, Faranell se résigna à s’approcher un peu plus d’elle.
Pour découvrir qu’elle n’avait plus de tête.

Et ce n’était pas tout, découvrit-il horrifié. Les autres sentinelles gisaient à terre, toutes hors de combat. Et, dans le sang qui maculait le sol, des traces de pas. Qui se dirigeaient vers la Salle du Trône.
Faranell n’était pas un guerrier. Toutefois, il était hors de question pour un Réprouvé de laisser la Reine sans protection. Sans réfléchir, il se mit à courir en direction de sa Maîtresse, traversant les alcôves les unes après les autres à toute vitesse. D’un seul coup, sa colonne vertébrale en miettes était le cadet de ses soucis.

Lorsque sa tête se détacha soudain de son corps, tranchée d’un geste par une main qui était presque une griffe, Faranell ne ressentit aucune douleur.

Son corps parcourut encore un ou deux mètres avant de comprendre qu’il lui manquait un organe vital et de s’effondrer. Sa tête, tombée à terre, roula quelques instants avant de s’immobiliser sur le côté, aux pieds de son agresseur, qui la ramassa et la contempla d’un air moqueur. Tandis que sa conscience des choses s’évaporait et que l’obscurité noyait sa perception et son esprit, le regard de l’apothicaire croisa celui de son assassin.
« Vous ! » articula-t-il silencieusement avant de sombrer dans le néant.

La tueuse jeta un dernier regard à la tête de l’apothicaire, puis la jeta négligemment dans le couloir et porta son attention vers les portes fermées de la Salle du Trône.
Il n’était plus temps de jouer, songea la morte-vivante en se dirigeant vers celles-ci, même si se débarrasser de Faranell au passage était loin d’être une mauvaise chose.
Le Maître attendait.

L’émissaire du Fléau leva la main, et les portes de la Salle du Trône s’ouvrirent en grinçant, révélant la demi-lumière blafarde de la lune qui régnait toujours dans le sanctuaire de la Reine des Réprouvés.


Qu’il était étrange de revenir ici, après tout ce temps, songea la démoniste en entrant dans la salle, sous le regard d’argent de Dame Sylvanas Windrunner.
La Reine semblait intriguée, certes…
Mais pas surprise.

Ivy se retourna un instant pour regarder les portes, qui se refermèrent doucement.

Dans ses yeux, la maléfique lueur rouge qui avait tant horrifié Farfadet flamboyait à nouveau.

[Clairières de Tirisfal, dernier cycle de Lune]

Celestian était d’humeur joyeuse.
Depuis le Jour du Vol Noir, ce fameux et terrible jour où la Horde avait, par leur intermédiaire, triomphé du Seigneur des Dragons Noirs, rares étaient les occasions où elle avait pu revoir Amongzedeath.

Etrange, songeait-elle. Elle avait toujours trouvé malsain, voire dangereux, l’attachement qu’avaient manifesté certains de ses camarades pour les morts-vivants de Sylvanas Windrunner, Farfadet en tête.

Et puis…
A force de les côtoyer, elle avait réalisé que, bien que leur apparence cadavérique fût repoussante à souhait, certains d’entre eux avaient conservé nombre de leurs réflexes d’êtres vivants (malgré cette dérangeante fidélité aveugle à leur Reine). Voire même des sentiments.
Elle en était venu à apprécier la compagnie de ces étranges et silencieux compagnons.

Pourquoi était-elle si heureuse ?
Elle venait de faire sourire Amongzedeath.
Grande victoire ! Combien de conversations stériles, où seule elle meublait le silence, avait-elle alimenté pour tenter d’arracher enfin une réaction à l’érudit Réprouvé !

D’accord, peut-être prenait-elle ses désirs pour des réalités. Il n’empêchait que le mage semblait prendre plaisir à sa compagnie. Après tout, c’était lui qui était venu la chercher alors que la nuit régnait encore en Azeroth, pour l’accompagner le long des remparts de l’ancienne Lordaeron à la recherche d’herbes et de plantes qu’il destinait à on ne savait quelle décoction.

Peut-être Amongzedeath était-il en verve ce jour-là. Toujours est-il que leur conversation avait été nettement plus fournie qu’à l’accoutumée (ce qui, pensa avec amusement la chamane, signifiait que le mage s’exprimait autrement que par monosyllabes).
Pas plus que Farfadet pour la défunte Ivy, Celestian ne pouvait expliquer l’attirance qu’elle éprouvait malgré elle pour le mage Réprouvé. Peut-être leur maîtrise commune des éléments les rapprochait-elle. Elle ne savait pas. Et le fait qu’un monde les sépare, que leur relation soit vouée à l’échec, ne lui importait pas. Elle ne faisait que suivre son cœur.
Ce n’était d’ailleurs pas Farfadet qui aurait pu lui expliquer d’où lui venaient ces sentiments. Il était reparti pour le Mont Blackrock depuis plusieurs mois déjà. En fait… Celestian ne l’avait pas revu depuis l’enterrement de son épouse.

Tout en devisant agréablement avec le mage Réprouvé, Celestian s’était laissée guider au travers des prairies de Tirisfal. Elle s’aperçut qu’ils se trouvaient maintenant non loin de la barricade érigée par la Horde pour bloquer l’accès aux Maleterres… Et empêcher les intrus d’entrer en Lordaeron.
En regardant au nord, elle devina au travers des arbres les contours montagneux qui, elle le savait, abritait la forteresse des fanatiques de la Croisade Ecarlate. Mieux valait ne pas trop s’aventurer dans cette région. Bien qu’elle se sentît de taille à affronter quelques humains, elle avait entendu que même les Réprouvés se contentaient de contenir les quelques expéditions punitives que pouvaient envoyer les croisés. Pourquoi ne pas se débarrasser définitivement de la menace, voilà qui lui échappait… Mais elle savait également que la Croisade Ecarlate, en dépit de tous ses défauts, était maintenant partie intégrante de l’Aube d’Argent. Elle subodorait de complexes motivations politiques derrière cette attitude.

Celestian, toute à ses réflexions, s’aperçut soudain que les réponses du mage se faisaient plus rares. Intriguée, elle l’observa plus attentivement. Amongzedeath paraissait hagard, marchant et parlant de plus en plus péniblement, tandis que ses gestes se faisaient plus saccadés, plus fébriles.
« Amongzedeath ? Tout va bien ? » demanda-t-elle.
Lorsqu’il se tourna vers elle, elle put lire sur son visage quelque chose qu’elle ne put identifier tout de suite, car les Réprouvés n’en éprouvaient jamais.
De la souffrance.

« Je ne sais pas… ce qui… se passe, haleta-t-il. Quelque chose… Elle a…
- Que veux-tu dire ? » s’écria-t-elle en l’attrapant aux épaules. Le mage ne la regardait pas. Son attention semblait portée loin, très loin au-delà d’elle. Un gémissement guttural s’échappa de sa gorge, qui la fit frissonner. Le cri d’une âme à l’agonie. La lueur surnaturelle de ses yeux vacillait, comme une bougie sur le point de s’éteindre.
« Non, dit-il en secouant furieusement la tête. Je ne veux pas…
- Quoi ? » demanda-t-elle. Elle sentait un trouble de plus en plus grand la gagner. Les Réprouvés ne se comportaient jamais de la sorte.
Amongzedeath s’arracha soudain à son étreinte, s’éloignant de quelques pas en titubant, la tête entre les mains. Il gémissait toujours. Perdant l’équilibre, il tomba à genoux. Celestian s’approcha prudemment. Bien qu’elle fût sceptique sur le résultat, elle se prépara mentalement à lancer une vague de soins sur le malheureux Réprouvé.

Pas un instant, elle ne fut sur ses gardes.
Qui aurait pu lui en vouloir ? Personne, dans la Horde, n’avait jamais été confronté auparavant à ce qu’elle dut affronter.

Soudain, le gémissement d’Amongzedeath se tut. Le mage, lui tournant le dos, se releva doucement. Ses gestes paraissaient d’un coup, sinon plus habiles, au moins plus déterminés.
« Cours » dit-il sans se retourner. Le mot avait été prononcé d’une voix si faible et peu assurée que la tauren ne le comprit tout d’abord pas.
« Qu’est-ce que… » commença-t-elle. Et c’est alors qu’il se retourna, tuant ainsi la fin de la question dans la bouche de Celestian.
Le mort-vivant qui la regardait avec ces nouveaux et soudain horribles yeux était toujours Amongzedeath. Et pourtant, ce n’était plus lui. La chamane lut dans le regard que lui lançait maintenant le Réprouvé une malveillance farouche. Un regard qu’elle avait déjà croisé. C’était celui des morts-vivants de Stratholme.
Elle avait toujours vu en lui une grande sagesse, mais celui qui lui faisait face n’avait en lui que l’intelligence rusée et calculatrice d’une bête sauvage. Sauvage et…

Affamée.


Devant elle, le mage se mit à humer l’air, tel un fauve à la recherche de sa proie. Ses mains s’étaient recourbées en griffes prêtes à mettre en pièce tout ce qui lui tomberait entre les mains. Lentement, il tourna la tête à gauche et à droite, scrutant les alentours.
Puis il la regarda à nouveau, et se mit à sourire.

Cette fois-ci, ce sourire glaça le sang de la tauren. Il n’avait rien de chaleureux. C’était une promesse de mort.
« Détruire, dit soudain le mort-vivant, d’une voix nette et forte cette fois, sans cesser de sourire. Faim… » ajouta-t-il à l’attention de Celestian sur un ton presque confidentiel, comme s’il lui révélait un important secret.

Le sang de Celestian ne fit qu’un tour.
Pour une raison qui lui échappait totalement, Amongzedeath était devenu fou.
La tauren dégaina sa masse d’armes. Elle avait beau être vaguement apparentée aux races bovines, elle ne se voyait pas finir en en-cas pour mort-vivant cannibale.
Elle allait devoir défendre chèrement sa vie.
Elle savait parfaitement qu’Amongzedeath était un puissant adversaire. Elle espérait simplement pouvoir le neutraliser assez rapidement pour pouvoir l’amener à Sylvanas Windrunner, à Undercity.

Amongzedeath commença à marmonner des incantations dans une langue inconnue de Celestian et à agiter les mains. Il se préparait à lancer ses sorts de combat.
Faisant appel aux forces telluriques qu’elle avait appris à façonner dès son troisième printemps, la chamane fit décrire un large arc de cercle à son marteau de guerre, créant une onde de choc qu’elle canalisa en direction de son ex-allié. Le horion frappa le mage à l’épaule, lui déboîtant l’articulation sans qu’il parût en souffrir. Son bras droit retomba, inerte, le long de son corps, sans qu’il paraisse plus qu’intrigué. Il regarda d’un air presque interrogateur son bras qui pendait, puis reporta son attention sur la tauren. Un sifflement s’échappa de sa gorge, tandis que les doigts de sa main valide se mirent à s’agiter frénétiquement. Il était en pleine incantation.
Celestian, légèrement désorientée par sa première attaque, n’eut pas le temps de réitérer son horion sur l’autre épaule du mage. Elle venait de réaliser que son coup n’avait pas eu les effets escomptés : le Réprouvé était ralenti, certes…
Mais pas assez.

Un éclair bleuté brilla soudain au bout des doigts d’Amongzedeath, et Celestian sentit d’un coup la morsure d’un terrible froid sur tous ses membres. Avec horreur, elle découvrit que le mage élémentaire venait de canaliser sur elle un puissant sort de givre qui avait gelé ses mains et ses pieds. Incapable de bouger et, plus grave, de se défendre, la tauren hurla de douleur.
De son côté, le mage avait immédiatement commencé une deuxième incantation. A la fin de celle-ci, la tauren vit briller une pointe de glace qui se matérialisa dans la main valide du mort-vivant. Avec une résolution sinistre, Celestian réalisa qu’elle n’avait aucune illusion sur l’utilisation qu’il allait faire de cette lance de givre.
Cette arme allait lui transpercer le cœur.

Amongzedeath projeta d’un geste son pieu gelé, qui perça violemment la poitrine de Celestian et ressortit par son dos. Le sang gicla devant et derrière elle. Sous l’impact, celle-ci fut projetée plusieurs mètres en arrière, et se retrouva clouée à un tronc d’arbre où le projectile finit par se planter en vibrant, provoquant de monstrueux élans de douleur dans tout le corps de la chamane. Elle hurla à nouveau, sentant le sang lui remonter dans la bouche. Elle se savait grièvement touchée, incapable de bouger ni de se dégager, et son impuissance la remplit de rage et de tristesse. Elle allait mourir aujourd’hui, de la main de l’un de ceux qu’elle avait cru son allié.
Celui-là même vers qui elle se sentait si mystérieusement attirée.

Elle regarda une dernière fois le mage lever son bras valide pour incanter une deuxième lance de glace qui, elle le savait, mettrait un point final à sa vie. Puis elle ferma les yeux, attendant le choc qui cette fois ne manquerait pas son cœur. Une dernière larme brilla au coin de ses yeux, et elle se prit à penser à ses compagnons. Tomberaient-ils dans le même genre de piège mortel ? Elle regrettait de ne rien pouvoir faire pour les prévenir… Mais il était trop tard désormais.

Celestian, attendant toujours une attaque finale qui ne venait pas, ouvrit péniblement les yeux sur un étrange spectacle.

Amongzedeath tremblait. Son bras jusque-là blessé s’était redressé, pour agripper furieusement la main qui menaçait toujours la tauren de sa pointe de glace. Ses traits étaient déformés par un violent effort. Il semblait… Il semblait lutter contre lui-même.
A nouveau, un gémissement de souffrance s’échappa de sa gorge. « Non ! criait-il. Je refuse de… »

Malheureusement, la main qui tenait l’arme gelée semblait nettement plus forte que son bras blessé. Comme si deux personnalités s’affrontaient dans le corps du mage, l’une menaçante, l’autre tentant par tous les moyens d’empêcher ce forfait… mais se sentant faiblir de seconde en seconde.
D’une secousse brutale, Amongzedeath réussit à lâcher son arme de glace, qui tomba à terre avec un tintement sonore et s’y brisa. Il lança un dernier regard à Celestian, dans lequel celle-ci lut tout le désespoir qu’éprouvait le mage à cet instant.
« Celestian, réussit-il à articuler. Préviens… la Horde… Sylvanas… Ivy… »
Ce fut tout ce qu’il parvint à dire avant que de nouveaux spasmes ne le reprennent. Il retomba à genoux, hululant de plus belle, aux prises avec cette implacable force qui avait pris le contrôle de son corps et de ses actes. Il tenta de se relever alors que Celestian, affaiblie, dans le brouillard sanglant qui baignait maintenant sa perception des choses, voyait la lueur de conscience de son compagnon s’éteindre progressivement.
Tout était perdu. Le mage allait à nouveau laisser place au monstre.
« NON !!! » hurla-t-il soudain, en transe. En un éclair, il leva sa main blessée et Celestian sentit à nouveau le froid l’engourdir. Mais cette fois, elle n’était pas la cible du Réprouvé.

Sous les yeux troublés de Celestian, une tempête de neige se leva autour d’Amongzedeath, qui emprisonna son corps dans un véritable bloc de glace, le paralysant par la même occasion. Sitôt le bloc formé autour de lui, la tempête se volatilisa comme par enchantement, de même que le pieu de glace qui la clouait toujours sur l’arbre.
Celestian s’effondra à terre, et releva péniblement la tête vers son ancien allié.

Elle sourit faiblement, en contemplant le corps d’Amongzedeath, figé dans la glace, maintenant inoffensif.
Juste avant de céder, il avait préféré s’emprisonner lui-même à jamais plutôt que de la tuer.

Elle tenta de se relever. Elle devait à tout prix prévenir les autres.
Après seulement deux pas, elle retomba lourdement à terre.
C’était peine perdue. Elle était trop faible pour se soigner, et elle se trouvait seule et isolée de tous.

Dommage, pensa-t-elle en fermant les yeux. Elle sentait le flot de sa vie glisser hors de son corps pour rejoindre les esprits des anciens chamans de son peuple.
Elle s’en allait rejoindre ses vénérables ancêtres.



Amongzedeath avait tout fait pour l’épargner… Mais en vain.

Lorsque les premiers rayons du soleil levant caressèrent enfin son corps, Celestian était déjà morte depuis plusieurs heures.

[Undercity, six mois plus tôt]

Les portes de la Salle du Trône s’ouvrirent d’un coup sur un Amongzedeath très agité.
Dame Sylvanas, assise sur le trône autrefois impérial de Lordaeron, le regarda s’approcher et s’agenouiller rapidement avec curiosité. Ses yeux d’argent étaient une interrogation muette qui demandait au mage quelle était la raison d’une telle intrusion.

« Pardonnez-moi, Maîtresse, souffla l’arcaniste. J’apporte une terrible nouvelle. Mellow… est mort ! » ajouta-t-il, haletant.
Devant le silence de la Dame Noire, Amongzedeath continua.
« J’ai trouvé son cadavre dissimulé derrière le Temple des Damnés. Il est vraisemblable que ce soit l’un d’entre nous qui ait commis ce crime. Et au vu des blessures… C’est un démoniste. »
La Reine se leva doucement, son étrange regard brillant perdu dans le lointain. Ses traits reflétaient une résolution sans faille. Un sourire fugace et triste apparut un instant sur ses lèvres.
« Tu as raison, Amongzedeath, répondit-elle doucement. L’un de mes enfants en a tué un autre. Je sais même de qui il s’agit, ajouta-t-elle tandis que les yeux du mage s’arrondissaient de stupeur.
- Mais… Alors… »
Il était pétrifié. Sa Maîtresse avait laissé perpétrer un tel forfait ? Mais qui ?

Et soudain, son instinct lui souffla la réponse. N’était-ce pas évident ? Il n’y avait qu’un seul démoniste assez puissant pour abattre un combattant du calibre de Mellow, maintenant que Sheogorath, le Traître, avait été banni.

Ou plutôt, rectifia son cerveau avec un calme détaché et presque clinique, une seule démoniste.

« Ivy… » murmura-t-il, horrifié.

La Dame Noire approuva doucement.
« Ivy est celle qui me détruira, reprit-elle sombrement, perdue dans ses pensées. Mais… Pour que le monde ait un avenir…
Jusqu’à ce qu’elle comprenne son rôle…
Sa vie doit à tout prix être préservée ! »

Ses yeux d’argent se mirent soudain à luire plus fort.
Le regard d’Amongzedeath se fit vague, et il se mit à dodeliner de la tête.

Sans le regarder, la Reine Banshee dit encore : « Retire-toi, Amongzedeath. Oublie ce que tu as vu. Mellow est en Northrend, selon ma volonté. »
Le mage, comme hypnotisé, se retira en s’inclinant.

Lorsqu’il eût franchi la porte, aucun souvenir ne lui restait des paroles de la Reine.


Amongzedeath se trouvait, sans trop savoir pourquoi, devant la Salle du Trône de la Reine. Que faisait-il là ?
Tout d’un coup, une pensée saugrenue lui vint. Il se demanda si les recherches de Mellow en Northrend avançaient de manière satisfaisante.
Que n’aurait-il pas donné pour accompagner son collègue sur les traces des magies nérubiennes…
Amongzedeath secoua la tête, reprenant ses esprits. Il se dirigea tranquillement vers l’anneau central d’Undercity.
Il était temps de se concentrer sur ses propres recherches. Oui… Bientôt, la bataille finale contre Néfarius commencerait. Il devait être prêt.


Dame Sylvanas, après s’être assurée que le mage avait effectivement oublié sa terrible découverte, quitta l’esprit d’Amongzedeath et se rassit doucement.
Elle croisa ses mains si fines, dont même la mort n’avait pu altérer la délicatesse.

La Reine se concentra sur le valeureux guerrier orc qui avait choisi d’épouser Ivy. Il avait suivi sa femme tandis que celle-ci partait en chasse de Démétria, son ancienne amie.

Dame Sylvanas Windrunner ressentit l’horreur qu’éprouvait Farfadet de découvrir l’existence de l’autre Ivy . Celle qui dormait à l’intérieur de son épouse.
Elle vit son désespoir de constater qu’il aimait malgré tout la démoniste, et qu’il ferait tout pour la sauver de ce qu’elle renfermait en elle. De l’entité aux yeux rouges qui était en train de faire cette si abominable démonstration de pouvoir à la Main de Tyr.
Devant une telle volonté, la Dame Noire sourit tristement.

Elle souhaitait ardemment que ce jeune orc soit capable de protéger le monde, une fois qu’elle-même ne serait plus là pour arrêter Ivy.


[A SUIVRE…]

héhé sympa, mais bon tu te prends pas pour n'importe quoi a te soloter des boss de capitales x)

sinon (aucun rapport je me doute mais bon) : belle facon de te débarasser des afk bio ;o

non ma reine, comment as tu pu?

La suite, la suite

cool ^^

plaisant et émouvant, la suite