Chroniques écarlates (23)

Le Wyrm des Glaces

Osiatus laissa échapper un toussotement douloureux, qui lui laboura une nouvelle fois les entrailles.

Le mage, au milieu du groupe compact de ses compagnons, observait avec attention la gigantesque salle circulaire dans laquelle ils avaient fait irruption. La jeune Talnya se tenait juste devant lui, ouvrant des yeux emplis de l’innocence qui avait toujours été la sienne depuis qu’il l’avait prise sous son aile. La pauvre était, comme la plupart d’entre eux, terrifiée par ce qu’ils avaient affronté. Il aurait aimé pouvoir la rassurer.
En d’autres circonstances, le vieux troll se serait intéressé de près à l’architecture de cette salle et aux ornements compliqués qui en décoraient les arches. Sans doute l’un des plus érudits de son peuple, ses contacts prolongés avec les castes de magiciens Elfes et Réprouvés avaient ouvert en lui une insatiable soif de connaissance et une passion pour les anciennes civilisations (en particulier celles de son propre peuple). Il en avait ainsi beaucoup appris sur la civilisation nérubienne, d’où il savait qu’était issue la terrible forteresse dans laquelle les Saigneurs Ecarlates s’étaient bravement aventurés.

Hélas, même lui n’avait pas mesuré à quel point l’expédition qu’ils étaient en train de vivre s’avèrerait périlleuse. Les précédents combats l’avaient épuisé, et il était presque à bout de forces. Et, il le devinait, le plus terrible de leurs combats les attendait encore, face au Nécromancien lui-même…
De plus, le fait que l’Ivy aux yeux de sang n’ait pas encore réapparu ajoutait à son inquiétude. Il s’en doutait, la démoniaque moitié de leur compagne morte-vivante était loin d’avoir dit son dernier mot. Sans doute tramait-elle encore quelque chose…

Cette salle… Outre la température anormalement basse, il y avait ici quelque chose d’anormal.
Il mit plusieurs minutes à comprendre, mais cela lui vint d’un seul coup, comme une révélation.
La taille.
Cette salle circulaire était décidément bien trop vaste par rapport à la taille de la Nécropole elle-même.
Osiatus maîtrisait mal la pratique de la puissante magie des Arcanes, mais il en savait en revanche beaucoup sur sa théorie. Il n’y avait aucun doute, ils étaient face à un sortilège d’Expansion, se dit-il. Remarquable.
La pièce dans laquelle ils se trouvaient avait donc été agrandie magiquement…
Pourquoi ?

Ce n’est qu’avec un peu de retard qu’il posa à son tour les yeux sur la gigantesque carcasse gelée qui gisait au milieu de la pièce, restes incongrus d’une terrifiante créature vaincue sans doute par les forces du Fléau et ramenée là pour il ne savait quelle horrible expérience.
Lorsque les os du wyrm se mirent à frémir sous les yeux horrifiés de ses compagnons, Osiatus, lui, ne fut même pas surpris.
Ses propres réflexions venaient de l’amener à cette sinistre conclusion.
Ils avaient pénétré dans l’antre du plus terrible gardien de Naxxramass, songea-t-il sombrement, tandis que les os du monstre se rassemblaient progressivement pour reconstituer le squelette animé du gigantesque wyrm.

La douleur dans son cœur le poignarda à nouveau. Il esquissa une fugitive grimace de douleur.
Il comprit que l’heure était sans doute venue.

Les Saigneurs Ecarlates contemplaient, tétanisés, le monstre mort-vivant qui s’était reconstitué sous leurs yeux. Soudain, l’air parut encore plus froid qu’auparavant. Un air glacial se leva, tourbillonnant dans toute la pièce, mordant les corps des vivants et jusqu’aux chairs mortes-vivantes des aventuriers.
La bête, tournant vers eux un regard bestial brûlant de la même flamme jaune que celle des serviteurs du Fléau, poussa un rugissement assourdissant qui résonna dans toute la pièce, avant de se diriger d’un pas pesant vers eux, déployant ses ailes squelettiques d’un air menaçant.
Et pourtant, songea Osiatus, il y avait bien plus dans ce regard que la simple fureur d’une bête enragée.
Dans ces grands yeux jaunes, il y avait une redoutable intelligence.

« Qu’est-ce que c’est que cette chose ??? hurla Gorghotha dans le vacarme.
- Un wyrm des glaces ! répondit Yashna sur le même ton. Comment une chose pareille peut-elle se trouver ici ???
- Ca n’est pas n’importe quel Wyrm, coupa Sheogorath d’une voix sombre, que tous entendirent malgré le tumulte du vent glacial qui continuait à souffler.
- Qu’est-ce que tu veux dire ??? cria Arràgon d’un air épouvanté.
- Voyez ce que le Fléau peut faire d’une des plus nobles créatures de ce monde, reprit Sheogorath de la même voix sombre, en fixant à son tour le monstre qui se dirigeait lentement vers eux.
- Explique-toi !!! » s’écria Farfadet d’un ton impérieux.

« Sapphiron. »
C’était Ivy qui avait parlé.
Les regards, ignorant presque la menace du wyrm qui arrivait droit sur eux, se tournèrent vers la démoniste aux ailes blanches.
« Le dernier protecteur de Naxxramass… murmura-t-elle en frissonnant. Je m’en souviens…
- Sapphiron ? s’écria Amongzedeath, dont l’exclamation de surprise fut suivie de celles de ses compagnons. Le Dragon Bleu ? Mais c’est impossible !!!
- Sapphiron… » murmura à son tour Arràgon, en levant les yeux vers le monstre qui approchait.
L’elfe ne put poursuivre. Dans son regard, Osiatus lut un autre sentiment qu’il n’aurait pas cru voir en ce lieu, en cet instant, tant il paraissait inapproprié.
De la tristesse.

Ce fut soudain la voix du monstre lui-même qui retentit.

« VOUS AVEZ DEFIE LA VOLONTE DU MAITRE, MORTELS !!! CETTE PIECE SERA VOTRE TOMBE !!! »

Malgré le froid qui leur gelait les os, la réaction des Saigneurs Ecarlates ne se fit pas attendre.
Les combattants se ruèrent à l’assaut du monstre, bravant les courants d’air glacés qui tourbillonnaient dans la pièce.
Avec difficulté, Farfadet, le premier, abattit la Thunderfury sur la patte squelettique de Sapphiron, espérant entamer le gigantesque os blanc nacré de la créature.
Hélas, bien que la Lame des Vents ait atteint sa cible, le guerrier eut la désagréable surprise de voir celle-ci rebondir sur la carapace gelée du wyrm des glaces, faisant remonter dans son avant-bras une onde de choc douloureuse tandis qu’une simple fêlure apparaissait sur l’os de Sapphiron, qui rugit à nouveau en se dressant sur ses pattes arrières, avant de retomber, griffes en avant, directement sur les aventuriers, ses serres de glace labourant profondément le sol de pierre. Seuls les réflexes prodigieux des combattants leur permirent d’échapper d’extrême justesse à l’écrasement.
Cependant, refusant de relâcher leurs efforts, les héros repartirent immédiatement à l’assaut du monstre, même si le fait que la légendaire Thunderfury n’ait pas réussi à entailler la patte du monstre était un sinsitre présage.
Mais les armes conventionnelles ne semblaient avoir qu’un effet très limité sur le monstre, qui subit leurs assauts ravageurs pendant plusieurs instants sans broncher.
Comme s’il observait la puissance de ses adversaires pour mieux leur faire sentir à quel point il leur était supérieur.

Alors que les combattants, alarmés, réalisaient que leurs attaques s’avéraient inefficaces ou presque, les premiers tirs magiques de leurs compagnons atteignirent à leur tour leur cible. S’ensuivit un véritable barrage d’arcanes déclenché par les lanceurs de sorts, le jeune Etanol Drathir en tête.
Les yeux verts du jeune elfe scintillaient comme jamais, et son aura flaboyait littéralement de la magie des Arcanes. Arràgon, tout comme ses compagnons, le considéra avec surprise, éberlué devant un déferlement de puissance aussi soudain. Le jeune frère de Dar’Khan semblait plus que jamais résolu à repousser la créature qui s’était dressée devant eux. Sans doute avait-il compris que les armes seraient inefficaces contre un tel monstre, ramené magiquement à la vie par le Prince des Morts.
En un instant, la créature fut noyée dans une véritable tempête d’énergies… Mais bientôt, tous entendirent, dans le fracas des explosions qui jaillissaient un peu partout autour du monstre, derrière les fumées nées des impacts, le nouveau rugissement de la bête…
Un rugissement qui ne trahissait ni blessure, ni faiblesse.
Simplement de la rage et de l’impatience.

Lorsque la poussière se dissipa, balayée par le vent glacial et tourbillonnant, les aventurieurs découvrirent avec horreur que Sapphiron ne semblait pas avoir souffert de cette véritable tornade de magies qu’ils avaient déchaînée contre lui.
« Mais… Comment… » balbutia Etanol, éberlué, tandis que le wyrm le toisait d’un œil torve, un sourire grimaçant se devinant sur son visage squelettique.

Sans leur laisser le temps de comprendre le phénomène qui venait d’avoir lieu, Sapphiron se redressa, battant furieusement des ailes jusqu’à quitter le sol, s’élevant à plusieurs mètres de hauteur, hors de portée des flèches des chasseurs, qui, de toutes façons, ne semblaient pas lui faire grand-mal : lorsqu’elles ne manquaient pas purement et simplement la carcasse squelettique du monstre, elles n’arrivaient qu’à se ficher dans ses os sans pour autant le gêner outre mesure.
Surplombant les héros, le monstre ouvrit lentement la gueule. Tous virent une boule d’énergie bleutée s’y former, véritable bombe de glace qu’il ne tarda pas à lancer en direction du sol sous leurs yeux épouvantés. Tous contemplèrent, tétanisés, la mort gelée qui filait vers eux.

Avant que le gigantesque projectile de glace ne touche le sol au beau milieu des aventuriers, une vague de glace se dressa subitement depuis le sol, enroulant les Saigneurs Ecarlates dans une gangue protectrice sur laquelle s’écrasa la bombe de glace.
L’impact fut si puissant que le mur de protection s’effondra dans un tintement cristallin, tandis que les murs de la vaste salle circulaire se couvraient d’une épaisse couche de givre dégagée pas la déflagration.

Tous contemplèrent, éberlués, le mage Amongzedeath, debout au milieu d’eux. Ses mains scintillaient encore des cristaux de la glace qu’il avait invoquée pour les abriter en dernier recours.
Son visage était sombre. Après un instant, un mince filet de sang se mit à couler de son œil gauche.
« C’était juste. » murmura-t-il.

Plus haut, les surplombant de toute sa masse, ses ailes squelettiques battant furieusement en continuant à déclencher des bourrasques gelées, Sapphiron toisait les aventuriers avec haine, et cependant une pointe de surprise dans le regard.
Il ne s’attendait certainement pas à rencontrer en ces lieux quelqu’un capable de manier aussi bien les puissances du froid.

« Tu as perfectionné ta technique, Amongzedeath, dit calmement Fichtres en se tournant vers son compagnon.
- Peut-être, répondit le mage d’une voix sombre, sans pour autant quitter des yeux le Wyrm de glace qui se préparait à atterrir à nouveau au centre de la pièce. Mais ça ne va pas durer. Ses attaques sont trop puissantes pour que je puisse les contenir encore longtemps. Et ma magie est totalement inefficace contre lui.
- Mais… Je ne comprends pas ! s’exclama Etanol, à bout de souffle, détresse et stupéfaction se mêlant dans sa voix. Tu ne peux pas…
- Maître Amongzedeath est un Cristallomancien, dit Talnya d’une voix douce. L’un des plus hauts grades de la hiérarchie des Mages de Givre. Mais même lui ne peut combattre un adversaire qui est lui-même réanimé par la magie du froid.
- Tout ce que je peux essayer de faire, c’est de repousser les attaques gelées de ce monstre, reprit Amongzedeath de la même voix sombre. Mais il va falloir nous dépêcher de trouver une solution.
- Alors dans ce cas… C’est la magie des Arcanes qui le vaincra ! s’écria le jeune elfe, les yeux brillants.
- Non. » coupa doucement Arràgon.
Etanol se tourna vers lui, inquiet.
« Non ? reprit-il. Mais…
- Vous ne savez pas à qui vous avez affaire, reprit le paladin. Sapphiron est… était… l’un des plus puissants membres du Vol Bleu. Il était de ceux qui auraient pu prétendre à la succession directe de Malygos lui-même.
- Autrement dit, compléta Sheogorath de la même voix lugubre qu’Amongzedeath, la magie des Arcanes n’a aucun secret pour lui. »

Le Wyrm des Glaces, qui semblait visiblement s’être lassés des palabres des aventuriers, s’avança soudain vers eux, coupant court à leurs échanges. Ses intentions étaient claires : il marchait droit sur Amongzedeath, ayant parfaitement identifié celui qui avait réussi à contrer son attaque précédente. Farfadet et ses compagnons s’interposèrent aussitôt, pour tenter de protéger le mage du froid.
Prenant une monstrueuse inspiration, le monstre souffla vers eux une brume de glace dont les flocons, tranchants comme des rasoirs, entamèrent les chairs de chacun des héros, les noyant dans un brouillard dense et mortel.

[Zul’Aman, au même moment]

Lioness reprit son souffle, hors d’haleine, repoussant distraitement les cheveux qui lui tombaient sur les yeux.
Elle se redressa en grimaçant, puis tourna les yeux vers le nouveau venu parmi eux, ce tauren nommé Tyrrel qu’Azena semblait déjà connaître.

Celui-ci revenait vers elle, l’air sombre, accompagné d’Evamoyshion.
Il n’y avait aucun autre survivant parmi ses soldats.
Les choses se compliquaient.

« Il serait peut-être temps que tu nous dises qui tu es, tauren. » dit-elle de la voix impérieuse qui avait fait d’elle l’une des meneuses des Elfes de sang. Elle se sentait déchirée. Elle aurait voulu pleurer la mort de ses compagnons, qui avaient perdu la vie pour avoir voulu la protéger… Mais le temps des larmes n’était pas venu. Seule, à cette heure, comptait la vengeance. Ses hommes ne seraient pas morts en vain.
L’intéressé la regarda fixement, sans pour autant répondre.
Puis, il détourna les yeux de la paladin, et murmura :
« Je ne suis pas sûr que nous ayions le temps de discuter pour l’instant, mes amis. Ils vont revenir.
- Je vous expliquerai tout cela plus tard. » dit Azena, qui approchait de Tyrrel en se tenant le visage, le sang filant entre ses doigts en un mince filet. Et ce n’était là que la moindre de ses blessures. La jeune trollesse était pâle, une pâleur mortelle qui ne pouvait pas s’expliquer uniquement par les profondes morsures qui balafraient maintenant son torse, même si la chasseuse avait perdu une grande quantité de sang. Il émanait toujours d’elle cette sourde inquiétude qui était née lorsqu’elle avait entendu parler des Grands Esprits Trolls.
« Nous devons continuer sans perdre un instant. »

Derrière Tyrrel, le cadavre du gigantesque Nalorakk gisait à terre, inerte, au milieu de la mare de son propre sang, ultime victime de l’effroyable piège qui avait décimé leurs derniers compagnons.
Après un instant, il acquiesça et ajouta, songeur :
« Même la démonstration que vous venez de faire ne va pas calmer les sbires de Malacrass. Nous devons l’arrêter à tout prix. »

Les quatre survivants se regardèrent un instant, puis Lioness désigna le temple que l’on devinait plus loin en contrebas.
« Allons-y, dit-elle simplement. Que nos compagnons ne soient pas morts pour rien. »

[Naxxramass, au même moment]

L’antre de Sapphiron était toujours noyée dans la brume glacée qu’avait lancée le monstrueux maître des lieux.
Malgré le vacarme et le froid qui les gelait jusqu’à l’os, les Saigneurs Ecarlates s’étaient regroupés devant Amongzedeath pour protéger de leur mieux celui qui avait eu l’impudence de vouloir affronter l’ancien Dragon Bleu sur son propre terrain de la Magie des Glaces.
La créature ouvrit à nouveau la gueule, pour cracher un vértiable javelot de glace qui fila droit sur le groupe d’aventuriers. Mais avant qu’il ne termine sa course mortelle, un nouveau mur de glace dressé par Amongzedeath se matérialisa devant eux, et le projectile s’écrasa sur lui avec fracas.
Le mage laissa échapper un soupir épuisé. Il n’allait plus tenir longtemps à ce rythme-là.

« Laissez-le moi, bande d’idiots ! » lança la voix sarcastique de Sheogorath. Tous se tournèrent vers lui, surpris. Le démonsite à la main mécanique toisa ses compagnons avec dédain. Levant sa main gauche toujours carbonisée depuis son mystérieux retour avec la Lame des Vents, il commença quelques passes, tandis que du sang coulait le long de son bras. Apparemment insensible à la douleur, il maugréa, en regardant fixement leur adversaire :
« Les Eléments sont inefficaces contre une telle créature… Mais ma Lame d’Ombre aura raison de lui ! ».

Ce disant, une lame d’énergie noire se mit à pulser autour de sa main blessée, étrange imitation d’une épée astrale qui aurait sans doute été divine si elle n’avait pas été créée par une magie si sombre. Tous sentirent l’aura malsaine de cette arme née dans la main de Sheogorath.
Ivy, frappée d’horreur devant la maîtrise des énergies noires dont le démoniste semblait faire preuve, fut la seule à reconnaître cette arme effrayante. Après tout, elle seule avait assisté au duel de la Dame Noire et de Sheogorath. Elle ne savait comment, le terrible démoniste avait réussi à réinvoquer une réplique spectrale de l’épée monstrueuse qui avait remplacé son bras droit lors du titanesque affrontement.
Avec un sourire supérieur devant la surprise horrifiée de ses compagnons, Sheogorath s’avança tranquillement en direction du monstre, qui s’était figé devant cette démonstration de pouvoir inattendue, et qui toisait sa proie d’un air méfiant.
Sans se presser, Sheogorath leva son arme d’ombre, avant de l’abattre en direction de Sapphiron. Il était pourtant à plusieurs mètres de lui, encore hors d’atteinte du Wyrm des Glaces, mais la trajectoire du bras-épée de Sheogorath créa une onde de choc qui trancha l’air et fila droit sur sa cible à la vitesse de l’éclair. Le sourire de Sheogorath s’étira un instant…
Mais se figea bien vite lorsque Sapphiron, d’un mouvement de la patte, brisa l’onde de choc de ses griffes aiguisées.
« Quoi ? » s’exclama le démoniste. Soudain, il ne riait plus.
Incrédule, ses yeux écarquillés ne cessaient d’aller et venir entre son bras noyé dans la lame d’ombre et son adversaire, dont le regard brillait à présent d’une lueur prédatrice.
Lentement, comme une imitation moqueuse de l’attaque qu’il venait de briser, Sapphiron leva lentement la patte, puis l’abattit d’un seul coup au sol, toutes griffes dehors. Stupéfaits, les Saigneurs ecarlates virent alors une onde de choc similaire à celle que Sheogorath venait de lancer se diriger vers le démoniste, avec une violence inouïe, creusant une profonde tranchée dans le sol de pierres glacées.
Mü par un réflexe désespéré, Sheogorath opposa à l’onde glaciale du monstre sa propre arme d’ombre, espérant sans doute briser l’attaque de Sapphiron comme il avait brisé la sienne. Le choc qui s’ensuivit projeta un souffle qui projeta douloureusement les Saigneurs Ecarlates à terre. Ivy, s’aidant de ses ailes de cygne, fut l’une des rares à conserver son équilibre, et vit donc, épouvantée, l’onde de choc de Sapphiron entailler profondément le bras déjà blessé de Sheogorath, qui hurla. La violence du coup le projeta à plusieurs dizaines de mètres en arrière, directement dans le mur de pierres dans lequel il s’encastra profondément, au milieu de la flaque de son propre sang sombre. Le démoniste réussit à murmurer, d’un ton horriblement décalé malgré les circonstances : « Ca… ça non plus… ne marche pas ??? Ca se complique… » avant de s’effondrer au sol, inerte.

Ses compagnons, qui s’étaient entretemps relevés, considéraient la scène avec horreur, réalisant que le plus puissant d’entre eux venait d’être balayé en quelques instants. Ils commençaient à réaliser que Sapphiron n’était pas le dernier gardien de la forteresse de Naxxramass pour rien…
Malgré tout, Misswar refusait de perdre espoir. « S’il est maître du Froid, et que ni l’Ombre ne les Arcanes ne peuvent rien contre lui, commença-t-elle dans le tumulte, alors il nous reste la Magie du Feu !!! »
Tous la regardèrent. Ivy jeta un coup d’œil à son ancienne suivante, qui le lui rendit. Sans doute avait-elle raison, songea la démoniste aux ailes blanches. Un instant, une fugitive seconde, elle eut l’impression de retrouver son ancienne amie Démétria… Puis l’impression disparut. Elle se reprit, redressant ses ailes dans son dos.
Avant que quiconque ait pu répondre, des flammes brûlaient dans les mains de la démoniste au cœur artificiel. Misswar frappa le sol de la paume de ses mains, et une longue langue de feu en jaillit, serpentant sur le sol à la vitesse de l’éclair jusqu’à embraser complètement le Wyrm des glaces dans un épais nuage de fumée et de cendres.
Au milieu de cette tempête ardente, que ses compagnons contemplaient, estomaqués, ils entendirent le monstre rugir de rage.

Mais lorsque la fumée se dissipa, Sapphiron était indemne.
Misswar se figea, n’en croyant pas ses yeux.
« C’est… C’est impossible… Ce monstre est invincible… » murmura-t-elle.

Presque en ricanant, le monstre souffla un nouveau jet glacé sur les aventuriers. Cette fois, Amongzedeath, épuisé, ne fut pas assez rapide pour bloquer l’attaque. Elle balaya les Saigneurs Ecarlates comme des brindilles dans la tempête. Tous s’écrasèrent au sol et sur les murs de la pièce, sonnés pour le compte.

Lorsque la créature s’approcha d’un pas lourd de Farfadet, qui tentait sans succès de se relever en se cramponnant de toutes ses forces à la Thunderfury toujours crépitante malgré le froid mortel qui noyait la pièce, tous comprirent que cette fois, leurs pouvoirs avaient bel et bien trouvé leurs limites.

Farfadet redressa péniblement la tête, regardant bravement la gueule de Sapphiron qui se relevait pour cracher sur lui un nouveau javelot de glace.
Lorsque le projectile fila sur son époux, Ivy, impuissante, cria le nom de son bien-aimé.

Farfadet, qui avait fermé les yeux une fraction de seconde avant que la lance de glace ne l’empale, ouvrit subitement les yeux, stupéfait de ne pas être mort.
Devant lui, quelqu’un avait bloqué l’attaque gelée de Sapphiron.
Osiatus, main droite levée droit devant lui, semblait tenir un véritable soleil au creux de sa paume. La lance de glace de Sapphiron, en s’approchant de la boule de flammes qui tourbillonnait dans sa main, avait fondu plus vite que la neige en été.
Eberlués, tous contemplèrent les flammes qui se mettaient à tourbillonner tout autour de la main droite du vieux troll. Des serpents de flammes s’enroulèrent autour de son bras, remontant jusqu’à son épaule et entourant bien vite son torse, puis le mage tout entier.
En un instant, Osiatus semblait s’être entièrement embrasé, comme s’il était lui-même devenu une flamme ardente.
La température s’éleva rapidement, réchauffant les corps et les âmes des aventuriers. La chaleur dégagée par Osiatus avait beau être extrêmement élevée, il y avait en elle quelque chose de doux, de protecteur. Chacun, en son for intérieur, se sentit étrangement réconforté.
« Qu’est-ce que… commença Farfadet.
- Ne t’inquiète pas, mon ami, dit doucement la voix d’Osiatus, calme et tranquille malgré les flammes qui l’entouraient entièrement à présent, faisant de lui une véritable torche humaine. Je m’occupe de rendre la paix à cette créature. »

Sapphiron, de son côté, semblait médusé de voir son attaque contrée par un sortilège de feu. Rugissant de rage, il cracha de nouveau sur les aventuriers une gigantesque bombe de glace, qui fila droit sur ce nouveau trouble-fête qu’était Osiatus.
« Maître Amongzedeath ! Vite !!! » s’écria Talnya, horrifiée.
Mais le mage du froid ne réagit pas. Il était le seul dans l’assistance à sembler soudain habité du même calme qui avait transparu dans la voix d’Osiatus. Il se contenta de désigner de la tête le vieux troll, avant de dire d’une voix empreinte d’un respect solennel :
« Le moment est venu. Ton maître a pris sa décision.
- Que… commença la trollesse, les yeux subitement emplis d’un désespoir infini. Que voulez-vous dire ??? Il n’a pas…
- Silence, Talnya, coupa le mage du Froid, d’un ton qui ne souffrait pas la réplique. Osiatus, ton maître, a choisi son destin, et nous devons respecter ce choix. Regarde, jeune apprentie. Regarde et apprends. Ton Maître risque sa vie pour t’enseigner sa dernière leçon, car il est le seul à pouvoir vaincre Sapphiron. Contemple la puissance des Façonneurs ! Que brûle à jamais la Flamme de Vie !!!».
Cette dernière phrase parut bouleverser la jeune magicienne, dont les larmes se mirent à couler silencieusement.

Les héros avaient été étrangement captivés par les quelques phrases d’Amongzedeath, à tel point que tous se tournèrent silencieusement vers Osiatus, toujours debout face au Wyrm des Glaces, au milieu des flammes qui l’enveloppaient totalement, sans pour autant paraître lui infliger la moindre blessure.

[Naxxramass]

Theme :The Lion King - … To die for
https://www.youtube.com/watch?v=8vCNn6vOVQ0

La bombe de glace filait droit sur Osiatus, qui la regardait approcher sans faire un mouvement, faisant de son corps un rempart pour les Saigneurs Ecarlates. Et soudain, alors que le projectile allait l’envelopper dans sa gangue mortelle, les flammes qui tournoyaient toujours autour du mage se dressèrent subitement, enveloppant la boule gelée dans ce qui ressembla d’un seul coup… à une main faites de flammes.
Les aventuriers, éberlués, contemplèrent cette gigantesque main enflammée qui entoura totalement le projectile de Sapphiron… Puis elle parut se fermer tel un poing, fracassant le globe de glace en milliers de flocons, avec un bruit de cristal brisé.
Véritablement pris au dépourvu pour la première fois, Sapphiron poussa un assourdissant hurlement de rage.
Sans le quitter des yeux, Ositaus tendit les mains en avant. Les flammèches qui brûlaient dans ses paumes se mirent soudain à tourbillonner, pour former une véritable tornade de flammes qu’il dirigea droit sur leur adversaire. Le Wyrm des Glaces n’eut pas le temps d’éviter la tempête, qui l’enveloppa entièrement en un instant.
Pour la première fois, les héros entendirent un rugissment qui ne pouvait être que de la douleur… Et soudain, un espoir ténu réapparut dans leur cœur.

Mais l’air concentré d’Osiatus ne l’avait pas quitté, malgré cette attaque impensable couronnée de succès.
Au contraire, c’est un reflet de plus en plus inquiet qui se peignit sur son visage, tandis qu’il maintenait le vortex de flammes qui entourait Sapphiron.
Et bientôt, les aventuriers incrédules comprirent pourquoi.

Devant leurs yeux horrifiés, la boule de feu qui noyait le Wyrm des Glaces se mit imperceptiblement à reculer, petit à petit. L’ancien Dragon Bleu, son corps squelettique embrasé en une bonne vingtaine d’endroits (dont ses deux ailes décharnées, qui avait complètement pris feu), projetait un souffle glacé d’une puissance terrifiante, qui repoussait petit à petit la tempête de flammes d’Osiatus, dans un vortex d’énergies crépitantes qui dégageait un souffle puissant, alternativement brûlant et glacé.
Osiatus, de plus en plus concentré, voyant son attaque progressivement repoussée, fit appel à toute sa puissance pour bloquer l’avancée du souffle mortel du monstre. Bientôt, le point de rencontre entre les deux terribles attaques se trouva exactement à mi-chemin entre les deux combattants.
Tous les aventuriers contemplaient, fascinés, ce duel titanesque entre le Froid et le Feu, accompagnant de tous leurs vœux leur compagnon Osiatus, mais incapables de déterminer qui des deux prendrait l’avantage.

Farfadet contemplait, comme les autres, fasciné, le terrible duel qui se tenait sous leurs yeux. Mais ses sens aguerris lui soufflaient que tout ne se passait pas pour le mieux.
Osiatus, pour commencer, paraissait plus qu’épuisé. Le sang qu’il crachait de plus en plus souvent en toussant, le plus discrètement possible pourtant, n’avait cependant pas échappé au guerrier. Il subodorait que le vieux mage était au bout de ses forces.
La manière dont Sapphiron avait réussi à repousser une attaque qui aurait dû le carboniser n’était pas faite non plus pour le rassurer. Il craignait qu’Osiatus ne finisse par lâcher prise… Et auquel cas, tout serait perdu.
Leur seule chance était de frapper Sapphiron maintenant, alors qu’il était totalement concentré à repousser la vague de feu de leur compagnon.
Farfadet empoigna la Thunderfury crépitante…
Mais c’est à cet instant précis qu’il vit Osiatus tomber à genoux, les yeux écarquillés par une stupéfaction horrifiée.
Et qu’il comprit qu’il n’y avait plus une seconde à perdre.
Avec un terrible hurlement de guerre, il se rua en direction du Wyrm des Glaces, qui brûlait de toutes parts, mais qui n’en restait pas moins dangereux et fou de rage pour autant.

Amongzedeath avait toujours été un fin observateur.
En cet instant, sa vision semblait s’être décuplée, comme si le temps autour de lui s’était ralenti pour mieux lui permettre d’évaluer la situation.
Il comprit immédiatement ce qui venait d’arriver à Osiatus, comme s’il avait été connecté à lui. Et comprit également ce que cela impliquait.
Il vit également Farfadet se ruer vers Sapphiron, brandissant haut la Thunderfury, tandis que le monstre, battant de ses ailes maintenant enflammées, déclenchait dans la salle de violentes bourrasques d’un vent trop glacé pour être naturel, tentant d’éteindre les multiples incendies qui constellaient son corps squelettique.
Il vit Talnya, bouleversée et horrifiée de voir son maître s’effondrer…
Et sut ce qu’il devait faire.

Les tourbillons gelés déclenchés par Sapphiron balayèrent les Saigneurs Ecarlates en un instant.
Tous n’avaient pas encore réalisé ce qui venait d’arriver à l’infortuné Osiatus, et ils n’étaient certes pas préparés à subir de plein fouet une attaque aussi puissante qu’instantanée.
Ils furent projetés en tous sens, s’écrasant au sol et sur les parois de la salle, esquivant par miracle les blocs de pierre et les tombereaux de glace que charriaient les bourrasques glacées lancées par le monstre.

Amongzedeath, lui aussi, avait été catapulté loin en arrière, atterrissant douloureusement contre le mur derrière lui. Talnya, un instant après, s’écrasa sur lui, lui brisant deux côtes par la même occasion. Le mage n’en avait cure. Il fallait qu’il parle à la jeune trollesse… Mais ne pourrait pas le faire dans une telle tempête.

Alors, de manière totalement inexplicable, la tornade s’interrompit d’un seul coup. Le rugissement de rage de Sapphiron apprit immédiatement à Amongzedeath que quelqu’un venait de contrer l’attaque du monstre, sans pour autant identifier l’auteur de ce miracle.
Puis, il le vit.

Sheogorath, toujours allongé face contre terre, incapable de se relever, avait pourtant levé sa main d’adamantite tremblante. Ses doigts artificiels étaient telle une cage de métal pour une minuscule sphère noire parcourue d’éclairs, qui brillait cependant d’un éclat presque insoutenable.
Il essaya, de sa main gauche, de se redresser, y parvint presque… puis retomba au sol, sans pour autant lâcher l’étrange sphère qui brillait dans sa sinistre main mécanique.
Embrassant la scène d’un seul coup, Amongzedeath réalisa qu’une sphère noire translucide les entourait tous à présent, telle une bulle de protection sur laquelle s’écrasaient les pierres arrachées à la structure par les tornades gelées de Sapphiron. Il comprit que Sheogorath tenait dans la paume de sa main le noyau de cette bulle de protection, qui leur évitait pour l’instant une mort certaine.

Et il comprit également que le sombre démoniste, malgré tout son pouvoir, ne pourrait la maintenir très longtemps.
Il fallait réagir tout de suite.

« Talnya !!! » dit-il d’une voix forte, ignorant la gêne en provenance de sa cage thoracique enfoncée.
La jeune magicienne, qui fixait toujours le corps inanimé d’Osiatus avec désespoir, indifférente à tout le reste autour d’elle, tourna subitement ses yeux pleins de larmes vers lui.
« Maître Osiatus… sanglota-t-elle. Il est…
- Oui, coupa brutalement Amongzedeath. Ton Maître nous a quittés.
- Pourquoi ? demanda-t-elle, la voix brisée. Pourquoi l’avez-vous laissé faire ??? Vous auriez pu…
- Tu n’as pas compris ce qu’il a voulu faire, Talnya ? demanda le mage Réprouvé d’une voix sévère.
- Je… commença la trollesse, avant de s’interrompre.
- Nous n’avons pas le temps de pleurer sa mort, jeune fille ! tonna-t-il. Osiatus sera mort en vain, si tu ne te reprends pas !
- Co… Comment ça ? demanda-t-elle, perdue.
- Le Façonneur des Flammes a fait brûler la Flamme de Vie jusqu’à son paroxysme devant tes yeux, et tu ne comprends pas pourquoi ? demanda le mage d’un ton exaspéré.
- Je… Mais… » balbutia la jeune trollesse, sans pour autant réussir à répondre.

Amongzedeath regrettait de devoir bousculer autant Talnya, mais la chute d’Osiatus au dernier instant ne lui laissait pas d’alternative. Soit l’apprentie du Façonneur se révélait à son tour Façonneuse, comme le vieux mage l’avait toujours soutenu… Soit ils étaient tous condamnés.
Il n’y avait pas un instant à perdre.

« Osiatus était persuadé que tu es toi aussi une Façonneuse des Flammes, Talnya, dit Amongzedeath d’une voix soudain étrangement douce, empreinte du respect qu’il éprouvait pour son défunt rival.
Et le seul moyen d’éveiller ton pouvoir, c’était de faire brûler sa propre Flamme de Vie jusqu’au bout. Vas-tu le laisser avoir sacrifié sa vie pour rien ??? »
Les yeux tristes de la trollesse s’écarquillèrent de stupéfaction. Tous deux semblaient totalement se désintéresser du monstre qui écumait de colère, derrière la protection vacillante de Sheogorath.

Farfadet, à côté d’eux, se releva en grimaçant, avant d’empoigner à nouveau la Thunderfury. Il se préparait à charger à nouveau le monstre, quitte à laisser derrière lui la bulle de protection du démoniste, mais changea subitement d’avis en croisant un instant le regard d’Amongzedeath. Il tourna la tête vers eux, et ayant entendu la dernière partie de leur conversation, l’orc comprit que leur destin allait se jouer dans les prochaines secondes.

Amongzedeath contemplait Talnya, satisfait.
Enfin, elle réagissait.
Sa dernière pique à l’encontre du vieil Osiatus avait fini par avoir l’effet escompté.
Il sentit l’énergie des Flammes embraser subitement l’aura de celle qui était devenue son apprentie, par la force des choses.

Mais en dépit de ses provocations calculées, son instinct lui soufflait que, quelque part, c’était le vieil Osiatus qui leur avait donné l’ultime coup de pouce.

Lorsque Talnya releva les yeux, son regard était différent. Farfadet comprit immédiatement que quelque chose de fondamental venait de se mettre en place dans le cœur de la jeune trollesse.
Il n’eut même pas besoin de poser les yeux sur la Thunderfury pour comprendre.
Et cependant, tous leurs compagnons, Amongzedeath excepté, regardaient la Lame des Vents avec stupéfaction.
Soudain, l’épée que Sheogorath avait involontairement offerte à Farfadet semblait brûler d’un feu d’enfer, en plus des éclairs qui continuaient à la parcourir.
Il croisa le regard voilé de larmes, et pourtant implacable, de la magicienne.
« Fais-le. Pour mon Maître. » murmura-t-elle simplement. Dans la paume de ses mains tournoyaient maintenant les même flammes qui avaient enflammé Osiatus quelques instants plus tôt.
Farfadet acquiesça lentement, puis leva à nouveau la Thunderfury flamboyante devant lui. Il sentait couler en elle une énergie nouvelle, une chaleur indescriptible qui était l’essence même de la Magie du Feu.
Il tourna les yeux vers le monstre qui rugissait toujours de rage et de douleur, ses cris rebondissant sur les murs et ajoutant encore au vacarme infernal de la tornade de glace qui régnait au-delà de la bulle de protection vacillante de Sheogorath.
Mais par-dessus tout, Farfadet distinguait un son nouveau au sein de cette cacophonie.
Les cris de désespoir de Sapphiron.
« Oui, résonna soudain dans son esprit une voix qu’il reconnut immédiatement comme celle du vieil Osiatus. Tu as compris, mon ami. Entends-tu les pleurs de son âme ? Cette infortunée créature ne mérite pas le sort qui lui a été réservé. Libère-la, Farfadet. Grâce à Talnya, tu le peux.
Tu le dois. »
Alors que Farfadet, sans répondre, se préparait à la charge, la voix du vieux sage reprit, une dernière fois :
« Adieu, ami.
Entre vos mains reposent les derniers espoirs du monde. »

Avec un hurlement de guerre perçant, Farfadet se rua à l’assaut du monstre, qui se dressa de toute sa hauteur, griffes en avant, ses ailes carbonisées battant frénétiquement les airs, pour faire face au guerrier.
Tous virent, médusés, la bulle noire de Sheogorath, toujours à terre, sa main mécanique tremblant de plus en plus, s’étirer pour accompagner Farfadet dans sa trajectoire effrénée.
Le guerrier esquiva prestement, de manière presque surnaturelle, les serres tranchantes du monstre qui labourèrent le sol en le manquant de justesse. Déséquilibré par son attaque avortée, Sapphiron retomba au sol, Farfadet se retrouvant momentanément à l’abri dans un abri inattendu : au sein de la cage thoracique du Wyrm des Glaces.
L’orc n’hésita pas un seul instant, continuant sa course comme si les griffes du monstre n’existaient même pas. Avec un dernier hurlement de rage et de triomphe mêlés, il frappa. L’épée enflammée, décrivant un arc de cercle parfait du bas vers le haut, entama l’os squelettique du bassin de la bête, créant une fissure enflammée qui se propagea bien au-delà de la portée du coup de Farfadet, remontant tel un éclair zébrant le ciel sur toute la colonne vertébrale de Sapphiron, jusqu’à son crâne grimaçant qu’elle fendit en deux. Des flammes jaillirent du haut de son visage, enveloppant complètement la bête et rayonnant comme un feu d’enfer sur les trombes de neige et de glace qui s’étaient accumulées sur les parois de la pièce, créant de terribles effondrements sur le sol de pierre.

Sapphiron frissonna une dernière fois, puis s’écroula dans un fracas tonitruant d’os brisés. D’un seul coup, les bourrasques glacées qui balayaient la pièce cessèrent brutalement. La bulle de protection de Sheogorath se fracassa elle aussi avec un tintement de cristal.
Dans le silence enfin revenu, les Saigneurs Ecarlates se relevèrent, hébétés et groggys, contemplant sans réellement y croire la carcasse maintenant inanimée du monstre qu’ils venaient de vaincre.
Farfadet, à bout de souffle, se redressa péniblement, s’aidant de la Thunderfury dont les flammes s’étaient éteintes aussi rapidement qu’elles étaient nées.
Son regard épuisé croisa celui, douloureux, de Talnya, puis celui, digne et solennel, d’Amongzedeath. Il ne trouva rien à dire. Il garda le silence, et se retourna vers le corps du vieux mage troll qui avait perdu la vie pendant leur lutte acharnée.
Tous l’imitèrent, formant un cercle silencieux autour de lui. Talnya s’était agenouillée auprès de la dépouille de son vénérable Maître, sanglotant doucement.
« Quel puissance impressionnante, murmura Misswar, dont les yeux verts scintillaient étrangement dans la lueur de la pièce. Mais comment a-t-il pu blesser ce monstre ? Mes flammes ne l’ont même pas gêné…
- Votre magie du Feu est très différente de la nôtre, démonistes, répondit lentement Amongzedeath. Les flammes de destruction que vous maniez sont emplies de mort et de destruction, et vos flammes issues du chaos. Elles ne peuvent rien contre la mort gelée qui animait Sapphiron. Osiatus a, le premier, compris que seule une pulsion de vie pouvait contrer un tel maléfice. Que seule la Flamme de Vie pouvait vaincre une telle créature.
Et Osiatus était un Façonneur des Flammes… Il était la Flamme de Vie. Il a compris ce qu’il avait à faire. » ajouta-t-il dignement.
Il posa une main sur l’épaule de Talnya.
« Et avant de mourir, continua-t-il, il a confié le dernier secret de son art à sa meilleure élève. Car il avait depuis longtemps décidé qu’il devrait en être ainsi. »
Après un moment, Arràgon brisa le silence respectueux qui régnait toujours dans la salle, seulement troublé par les paquets de neige qui tombaient au sol avec la remontée de la température ambiante.
« Quel terrible destin, soupira-t-il. Et quel non moins horrible sort que celui de Sapphiron, condamné à exister dans la mort pour servir les puissances qu’il combattait autrefois… » ajouta-t-il en tournant son regard troublé vers les restes de l’ancien Dragon Bleu.

Un rire brisa soudain le silence triste et solennel des Saigneurs Ecarlates.
Une voix jeune et joyeuse, le rire méprisant et supérieur d’une jeune femme qui semblait s’amuser énormément de la situation.
Les héros abandonnèrent leur contemplation douloureuse de la dépouille du malheureux Osiatus, pour se retourner lentement vers l’arche de pierre qui faisait face au passage par lequel ils étaient arrivés, à l’opposé de la grande salle circulaire de Sapphiron.
Tous avaient reconnu cette voix.

Ivy-Solaris, celle qui avait déclenché toute cette folie, avait enfin décidé de leur faire face à nouveau.
C’était elle l’ultime obstacle avant d’atteindre le maléfique Kel’Thuzad.
La jeune femme aux ailes noires se tenait sous l’arche de pierre, une main négligeamment posée sur la hanche. En cet instant, elle offrait un contraste des plus flagrants avec sa sœur jumelle aux ailes de cygne, timide et réservée. L’Ivy aux yeux sanglants était maintenant vêtue d’une tenue comme les aventuriers n’en avaient jamais vue, faite de lanières d’un cuir sombre aux reflets violacés, qui ne couvrait que certaines parties de son corps avec une impudeur provocante. Une épaulière métallique aux reflets cuivrés couvrait maintenant son épaule gauche, et cette armure partielle se prolongeait tout au long de son bras jusqu’à une griffe dorée qui enchâssait sa main gauche. Ses gigantesques ailes de chauve-souris étaient majestueusement dressées derrière elle, et lorsqu’elle s’avança dans le silence glacial qui régnait à nouveau dans la pièce en repoussant lentement une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux, les claquements des hauts talons de ses bottes ouvragées résonnèrent lugubrement sur le sol de pierre.
Elle était aussi belle que mortellement dangereuse, songea Farfadet avec tristesse, en croisant ses pupilles rougeoyantes où brilllait cette lueur cruelle qu’ils avaient appris à redouter.

« Quelle touchante réunion, dit Ivy-Solaris avec un sourire mauvais. J’en pleurerais. »

« Je n’aurais jamais cru que vous arriveriez jusqu’ici, reprit-elle après un instant devant les aventuriers tétanisés de cette soudaine réapparition de leur pire adversaire. Mais peu importe. Cette fois-ci, votre voyage est terminé.
- Laissez… Laissez-la moi, répondit la voix épuisée de Sheogorath, qui tentait péniblement de se relever avec l’aide de Morteville et de Gorghotha, le regard sombre et résolu. Contre elle… Vous n’avez aucune chance… Je… Je vais m’en occuper. Je… »
Le rire clair et moqueur de la jeune femme aux yeux de sang l’interrompit.
« Soyons sérieux, Sheogorath, dit-elle doucement, du’une voix douce et menaçante. Tu n’as pas encore compris ? Tu as perdu !!! Vous êtes tous morts !!! A présent, je suis la Reine de Naxxramass, et personne ne peut me vaincre… Personne, entendez-vous ??? »
Elle éclata d’un nouveau rire diabolique, qui fut brutalement interrompu par un mot, prononcé si bas qu’il était presque étonnant qu’elle l’eût entendu.
« Faux. »
Tous se tournèrent vers celle qui venait de parler. Farfadet sentit son cœur s’emplir d’une angoisse plus grande encore que celle qui avait précédé le sacrifice de son épouse face à Nefarian, lorsqu’il avait réalisé ce que sa bien-aimée avait décidé de faire pour eux.
Aujourd’hui, un épouvantable sentiment de déjà-vu étreignait son âme, broyant son cœur dans un étau glacé.
Car c’était Ivy, l’Ivy angélique aux ailes de cygne, qui venait de s’opposer à sa sœur jumelle démoniaque.

Et dans ses yeux bleus et tristes brillait la même résolution douloureuse que le guerrier avait lu dans le regard de son épouse avant qu’elle ne donne sa vie pour abattre le Seigneur du Vol Noir.

Ivy tuerait Solaris… Quitte à y laisser la vie.

« Qu’est-ce que tu as dis ? demanda Solaris en toisant sa jumelle, d’une voix soudain stridente. Qu’est-ce que tu as osé dire ??? »
- Il est temps que je répare les torts que j’ai causés, répondit lentement Ivy, soutenant le regard furieux de sa jumelle. C’est moi qui t’ai libérée… Et maintenant, je vais me débarrasser de toi. »
Solaris fixa un long moment sa sœur blanche sans rien dire, mais dans ses yeux brûlait une innommable folie sanglante. Puis, elle se mit à rire, d’abord tout doucement, puis de plus en plus fort. Dans ce rire, tous entendirent avec un frisson d’horreur la folie malfaisante qui s’était totalement emparée de la moitié noire d’Ivy.
« Te débarrasser de moi ! reprit-elle, riant aux éclats à présent. Tu vas… Te débarrasser de moi ! Mon dieu, que va-t-il m’arriver, je suis terrifiée ! Pauvre folle, siffla-t-elle soudain avec fureur, le rire qui éclairait son visage disparaissant aussi vite qu’un coup de tonnerre. Aurais-tu oublié qui je suis ???
- Comment le pourrais-je ? rétorqua Ivy, l’air sombre. Après tout ce que tu as fais, comment pourrais-je ne pas savoir ce que tu es ???
- Consternant, reprit Solaris après un instant. Je ne pensais pas que mon alter ego serait aussi stupide… Mais soit ! Approche, ma sœur !!!
- Non !!! »
C’était Farfadet qui venait de crier, ne pouvant accepter la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Désorienté, son regard ne cessait d’aller et venir entre l’Ivy aux ailes blanches et sa Némésis démoniaque.
Une main se posa sur son épaule.
Sheogorath.
Le cruel Sheogorath, prophète de malheur, allié maudit, encore et toujours.
« Ce n’est pas ton combat, guerrier, dit-il simplement. Et à la réflexion, ce n’est pas le mien non plus. Ce choix ne t’appartient pas plus qu’à moi. »
Il voulut répondre, hurler, frapper le visage pâle et émacié du démoniste qui lui annonçait de manière si implacable qu’il n’avait pas le droit d’aider sa bien-aimée au moment où elle avait le plus besoin de lui…
Mais avant que quiconque ait pu ajouter un mot, c’est Ivy elle-même qui se tourna vers lui.

« Va, Farfadet, dit-elle d’une voix douce. Conduis-les. Je refuse que vous courriez le risque d’affronter cette chose. C’est une partie de moi que je dois combattre et vaincre. Regarde ce qu’elle a déjà réussi à faire en voulant corrompre ton âme ! » lança-t-elle d’un ton désespéré en désignant Kharneos, qui se tenait silencieux comme une tombe aux côtés du guerrier.
Elle ajouta d’une voix presque rêveuse, mais dans laquelle on sentait toute la force du courage de la belle démoniste aux ailes d’ange :
« Je ne la laisserai pas t’approcher à nouveau…
Je ne peux permettre qu’elle vous fasse plus de mal.

Vous devez arrêter Kel’Thuzad… Et je dois éliminer Solaris.
Ce n’est même pas un choix. C’est ce qui doit être fait. »

Derrière elle, son alter ego maléfique gardait le silence, se contentant visiblement d’attendre que Farfadet prenne sa décision. Mais l’air satisfait qui flottait sur son visage montrait qu’elle s’amusait énormément de cette situation épouvantable.

Ivy s’approcha lentement de son époux, et l’embrassa doucement. Ses ailes de cygne les enveloppèrent un instant tous les deux, leur offrant une dernière fois une protection délicate et fragile. Solaris leva les yeux au ciel, comme au paroxysme de l’agacement devant la mièvrerie de la démoniste blanche.

« Je te rejoindrai, mon amour. Je te le promets. » murmura Ivy, ses yeux bleus plongés dans ceux du guerrier.
Puis elle s’écarta de lui, et se campa résolument devant sa sœur jumelle. Celle-ci, comprenant que les choses sérieuses allaient enfin commencer, quitta son air agacé qui fut remplacé par un sourire carnassier.

Avec un dernier signe de tête, et un dernier regard méfiant à Solaris, Farfadet se résolut enfin à reprendre la tête des Saigneurs Ecarlates, qui lui emboîtèrent silencieusement le pas.

Ivy regarda sans rien dire ses compagnons s’éloigner et passer l’un après l’autre sous l’arche de pierre qui menait au sanctuaire de Kel’Thuzad.
Lorsque Sheogorath, qui fermait la marche, l’eut lui aussi franchie (non sans un long regard froid jaugeant les deux Ivys, évaluant sans doute les chances de chacune de vaincre), une explosion fracassa la glace accumulée au-dessus du passage, créant un éboulement de pierres et de neige mêlées, qui barra complètement l’accès au sombre couloir, coupant par la même occasion toute retraite aux aventuriers.
Ivy se tourna vers sa jumelle, dont la main aux ongles effilés fumait encore du sortilège de conflagration qu’elle avait déclenché pour condamner le passage.
Maintenant, les deux jumelles ne seraient plus dérangées.

Ivy dressa ses ailes de cygne derrière elle, se dressant courageusement face au cauchemar vivant qu’était son reflet maudit.

Solaris inclina légèrement la tête, dans un geste qui leur était familier à toutes les deux, et un sourire cruel se dessina au coin de ses lèvres.

« Pauvre Farfadet, soupira-t-elle avec une tristesse feinte. C’est très mal de mentir à ton mari, Ivy. »

L’avalanche derrière eux avait été assourdissante, et pourtant pas un des héros ne s’était retourné. Ils se doutaient qu’une telle chose arriverait. Les deux Ivys ne voulaient pas être dérangées pendant qu’elle réglaient leurs comptes.
Personne ne parla.
Farfadet, en tête du groupe, se figea un moment, crispant les poings de rage et d’impuissance.
Il aurait tant voulu… lui venir en aide.

Mais elle avait raison.
Ivy était la seule à pouvoir mettre un terme aux horreurs de sa jumelle.
Il espérait de tout son cœur qu’elle tiendrait sa promesse.

Il releva la tête, les yeux brillants d’une résolution furieuse.
Puis se remit en route sans un mot, ses compagnons lui emboîtant le pas dans un silence quasi religieux.
Bientôt, se dressèrent devant eux deux portes gigantesques, sinistrement ornées de crânes et de signes cabalistiques inconnus.

Alors, les Saigneurs Ecarlates comprirent qu’ils étaient enfin arrivés au bout de leur voyage.

[Naxxramass, devant les portes de la Salle du Trône]

Theme : Wrestlemania XXIII – All grown up
https://www.youtube.com/watch?v=fsFDjjkSmR8

Juste au moment de pousser les lourdes portes qui barraient l’entrée de la pièce, Farfadet se figea.

Puis il se retourna vers ses compagnons silencieux, qui attendaient simplement son ordre pour lancer l’assaut final.

Il les regarda tous, ses compagnons, ses fidèles amis depuis les premiers jours, ceux avec qui il avait partagé tant d’aventures, terribles ou héroïques… Eux qui restaient à présent murés dans un silence respectueux et solennel.
Car il y avait un moment où les paroles n’avaient plus de sens.

Aucun d’entre eux n’ignorait qu’il ne sortiraient sans doute pas tous vivants de cette bataille…
Et pourtant, nulle peur ne se lisait dans leurs yeux.
Tous connaissaient l’enjeu… Et pas un ne ferait demi-tour.

Derrière eux, les clameurs lointaines du terrible duel qui opposait les deux jumelles mortes-vivantes se faisaient entendre, sinistre prélude de l’épreuve qui les attendait derrière ces portes.
Farfadet se força à ignorer son cœur, qui lui hurlait de retourner en arrière pour sauver sa bien-aimée.

« Vous n’êtes pas obligés de me suivre, dit le guerrier d’une voix chargée d’émotion, en regardant tous ses alliés l’un après l’autre.
J’ai laissé celle que j’aime se battre seule contre le mal qui vit en elle… A cause de Kel’Thuzad, je n’ai plus rien à perdre. Car en prenant Ivy, il m’a enlevé ma seule raison de vivre.
S’il le faut, je donnerai ma vie pour en finir avec lui.

Je n’ai pas le droit d’exiger ce sacrifice de votre part.
Il est encore temps pour vous…
De changer d’avis. »

Ses paroles résonnèrent fort dans le silence solennel qui s’était fait dans la pièce. Pendant un instant, même le duel des deux Ivys, derrière eux, parut ne plus exister.
Et pourtant, pas un ne bougea.

« Tu crois vraiment que nous allons te laisser seul ? Nous n’avons pas fait tout ce chemin pour rien ! répondit Looping, presque amusé.
- Tu n’es pas le seul en cause, Farfadet, ajouta Fichtres d’une voix douce. Il s’agit du sort d’Azeroth tout entier !!! Nous n’avons pas le droit d’abandonner maintenant !!!
- Ne serait-ce que par respect pour la mémoire de ceux d’entre nous qui ont déjà sacrifié leur vie pour que nous arrivions jusqu’ici… murmura Talnya, les yeux encore rouges de larmes.
- Si nous n’éliminons pas Kel’Thuzad, le monde est perdu. Nous savions tous ce que nous risquions, dit dignement Gorghotha. Il n’est pas question de faire demi-tour.
- Et puis… Tu n’es pas le seul qui n’a plus rien à perdre. » dit lentement Misswar. A ses côtés, Kharneos acquiesça sans mot dire.
Quant à Sheogorath, il se contenta d’un haussement d’épaules, mais son sourire sarcastique contenait la même résolution infaillible que ses compagnons.
Arràgon se contenta d’un regard, avant de fermer les yeux en signe d’assentiment.
Et soudain, le guerrier orc sentit une légère brise lui effleurer la joue… Et pendant un instant, pendant une minuscule seconde, il aurait juré avoir senti Ivy, son Ivy, l’encourager elle aussi à continuer le combat jusqu’au bout…
Quel qu’en soit le prix.

L’un après l’autre, tous approuvèrent.
Tous ses compagnons étaient prêts. Tous sans exception.

« Eh bien je vois que nous sommes tous d’accord, dit Oniri avec un léger sourire, en faisant craquer les articulations de ses doigts. Alors, qu’est-ce qu’on attend ??? »

Farfadet, malgré les larmes d’émotion qui lui brouillaient la vue, rendit son sourire à la jeune elfe.

« Vous êtes décidément les aventuriers les plus entêtés que je connaisse, dit-il.
Très bien. »
Il se retourna et poussa les portes de la salle du Trône, qui s’ouvrirent lentement, avec un grincement rouillé.

Le guerrier dégaina la Thunderfury, qui resplendit de mille feux dans la semi-obscurité, et la brandit droit devant lui. Les éclairs qui la parcouraient claquèrent dans un fracas grandiose, comme si l’épée elle-même approuvait.

« Le Nécromancien va sentir s’abattre sur lui la fureur des Saigneurs Ecarlates !!! »

Il s’engouffra dans la salle, suivi de ses compagnons, tous portés par le même cri de guerre lancé à l’unisson.

« POUR LA HORDE !!! »


[A SUIVRE…]

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Mais bordel quoi ivy , ecrit a blizzard !
Je doit avouer que j'ai plus d'une fois failli verser la ptite larmichette,
ecouter "Moving on" de Michael Giacchino pendant toute la partie sur osiatus et Talnya, ca m'as donné des frissons ton truc la.
(Ceux qui ont regardé Lost reconnaitront forcement)
Faut pas me faire des trucs comme ca la , j'ai un ptit coeur fragile moi.
Et puis que dire du final avec la music qui va bien et qui colle pile poil au timing de lecture....

Du grand Art !